Pistes de solutions à explorer
À partir de ces informations et des recherches sur les artistes suggérés, comment pourrais-tu intervenir sur la technique de peindre en modifiants les composantes (support, technique, outil) afin de créer tes propres images spectrales ou fantôme de l’image?
Décalage et dilution de l’image
Explore le travail de Francis Bacon : la série des autoportraits
Francis Bacon (1909-1992) avait quitté l’Irlande rurale d’où il provenait afin de tenter sa chance à Londres. Sa carrière prolifique de peintre s’est étendue sur plus de six décennies, il est devenu un artiste britannique dont la renommée s’étend internationalement. Son travail se caractérise par des représentations déformées et dérangeantes de la figure humaine, explorant des thèmes tels que la violence, l’isolement et la condition existentielle. Bacon utilisait des coups de pinceau vifs et expressifs pour créer des compositions viscérales et émotionnelles, mettant en évidence les tourments et les passions profondément ancrés dans la nature humaine. Son approche picturale était à la fois audacieuse, provocante et dérangeante.
L’artiste travaillait directement sur des toiles non apprêtées, « où un coup de pinceau malencontreux ne peut être facilement dissimulé ». Bacon privilégie les gros pinceaux, qui déplacent la peinture de manière imprévisible, laissant des traces d’accident. Utilisant une peinture parfois très diluée qu’il essuyait afin de retrouver les différentes couches de repentirs successifs. Étant un artiste autodidacte, il utilisait parfois du pastel, de la peinture en aérosol et souvent plusieurs outils non conventionnels tels que des tissus de « cor Duroy » afin d’obtenir des textures en forme de trame. Les résultats de ses transes picturales donnaient des portraits, ou des corps humains écorchés semblant sortir de mythologie ou de scènes de cauchemar.
Explore les œuvres suivantes de l’artiste pour découvrir des applications de la technique
Sources consultées
(X) Centre Pompidou, ministère de la Culture, Francis Bacon,
Self-portrait (Autoportrait), 1971. [https://www.centrepompidou.fr/fr/ressources/oeuvre/cXbyrpL].
(X) The Estate of Francis Bacon, 2023, [https://www.francis-bacon.com/].
La peinture à l’aide de pochoirs improvisés
Explore le travail de Jean Paul Riopelle
Riopelle réalise cette immense fresque colorée, à l’aide de bombes aérosol, le jour où il apprend la mort de Joan Mitchell, peintre expressionniste abstraite américaine qui fut sa compagne pendant plus de vingt ans à Paris. Cette gigantesque œuvre se présente comme un parcours constitué d’une succession de plusieurs tableaux animaliers. Riopelle atteint par la maladie de l’ostéoporose qui dégrade sa dextérité de peintre, utilise la peinture en aérosol. En guise de pochoir, il se sert d’objets courants et de carcasses d’oiseaux que les chasseurs de l’île aux grues lui apportent.
Sources consultées
(X) S.A, Jean Paul Riopelle « L’hommage à Rosa Luxemburg », Musée national des beaux-arts de Québec. [https ://www.mnbaq.org/exposition/jean-paul-riopelle-1213].
Explore le travail de Jacques de Tonnancour
Tonnancour a réalisé quelques œuvres intégrées à l’architecture. Outre l’ensemble de l’Université de Montréal réalisé en 1968, il exécute un triptyque en collage-peinture pour le planétarium Dow en 1966. Dans les années cinquante, l’artiste fait d’abord un passage du paysage figuratif laurentien vers l’abstraction par le traitement des surfaces à l’aide d’une forme de raclette en caoutchouc semblable à celle que nous utilisons pour laver les vitres. Par la suite, ses diverses épurations et expérimentations de l’accident le mèneront à l’obtention d’images à caractère spectrales, en utilisant divers matériaux et objets comme cache, du collage et de la peinture propulsée.
Jacques de Tonnancour décrit cette œuvre comme une « peinture-collage » où des matériaux du quotidien tels que des filets, des papiers d’emballage et des grillages métalliques sont intégrés pour leurs qualités picturales. L’artiste structure l’espace avec des éléments graphiques et utilise une vingtaine de couches de peinture à l’huile commerciale pour créer des couleurs vibrantes. L’ensemble démontre l’aspect ludique de son processus créatif, laissant place à l’improvisation, similaire à l’esprit du jazz. L’œuvre a été créée à l’occasion d’une commande lors de la construction du pavillon Lionel-Groulx, 3200, rue Jean-Brillant. Cette murale représente une partie d’un ensemble qui comporte cinq éléments. Elle a été réalisée au courant d’une période d’expérimentations picturales caractérisée par des signes et éléments picturaux qui semblent flotter sur la surface colorée de la toile. Cette impression provient d’une technique où l’artiste utilisait comme pochoir, le collage de divers éléments, souvent des petits objets de la vie quotidienne (moustiquaire, fils, tissu, boîte d’emballage).
Sources consultées
(X) Art public Montréal, Tryptique, 1968, Jacques de Tonnancour, [https://artpublicmontreal.ca/œuvre/tryptique/].
Question : Comment pourrais-tu créer tes propres fantômes de l’image en peinture à l’aide d’explorations de diverses techniques? Par exemple, en trouvant tes propres gestes et consistances afin de produire une image décalée ou floue. Ou encore en utilisant des vêtements, objets divers, éléments de la nature comme pochoirs pour créer des images spectrales ou fantomatiques…