En 1935, peu après avoir fait la connaissance du philosophe et poète surréaliste André Breton, Wolfang Paalen a mis au point sa technique de fumage, un mode de création d’images par lequel la fumée d’une bougie est utilisée pour créer des motifs uniques sur la surface d’une toile ou d’une feuille de papier. S’inspirant de la tentative des surréalistes de forger une écriture automatique et subconsciente avec la peinture, les fumages de Paalen se caractérisent par des formes brumeuses et nébuleuses qui laissent place à des motifs imprévus et à des formes anthropomorphes. Wolfang Paalen pousse aussi plus loin les expérimentations qui consistent à passer sur une couche de peinture fraîche la flamme d’une bougie. Ainsi, le fumage et la flamme contribuent à modifier la peinture en créant des taches aléatoires qui provoquent une composition picturale inattendue.
Sources consultées
(X) PEREIRA, L. Astonishing Examples of Automatic Drawing, on Widewalls, 2016, Artwork(s) In Focus, Top Lists, Art History. [https://www.widewalls.ch/magazine/automatic-drawing].
(X) « Wolfgang Paalen », Wikipédia, http ://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Wolfgang_Paalen&oldid=199062571 (Consulté le 28 novembre 2022)
(X) « Paalen », texte de Andreas Neufert, Dresde, 2001.
(X) Guggenheim, Collection en ligne, Wolfgang Paalen, [https://www.guggenheim.org/artwork/artist/wolfgang-paalen].
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Le feu et le dessin
Christian Jaccard (1939-…) est un artiste possédant les nationalités suisse et française. Son travail de création multidisciplinaire réunit plusieurs pratiques dans lesquelles il interroge les traditions des disciplines. Ayant pratiqué le métier de graveur chromiste dans une imprimerie, il est sensibilisé au processus de l’empreinte qui nécessite la confection et l’utilisation d’outils spécifiques tels que les nœuds et ligatures. Son travail de création se distingue par le processus de combustion, et à partir de 1971, il se sert de corde, de ficelle, et surtout les nœuds comme des « outils ». Il utilise ceux-ci en guise de pinceaux afin de laisser leurs empreintes sur la toile. Il brûle également des dispositifs de mèche lente qui laissent des traces de combustion sur différents supports.
Le travail de Christian Jaccard réexamine les paramètres qui définissent la peinture et le dessin. Les traces laissées sur le support sont le résultat de l’utilisation de la mèche lente (utilisée originellement pour allumer à distance des explosifs), c’est le suintement incandescent du goudron qui laisse une ombre de suie sur le support. La boucle de cordon inflammable se transforme en des tracés circulaires qui rappellent les couronnes d’épines. L’artiste se sert aussi d’une pâte combustible semblable à de la vaseline en tube qu’il enflamme provoquant des combustions rapides qui laissent une trace de suie où la flamme a léché la surface du support. Grâce à cette technique, il réalise des motifs de combustion sur les murs d’architectures religieuses afin de magnifier celles-ci.
Explore les œuvres suivantes de l’artiste pour découvrir des applications de la technique en prenant soin de bien mettre le nom de l’artiste et de l’œuvre au complet dans ta recherche :
Sources consultées
(X) « Christian Jaccard », [En ligne], Wikipédia, [http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Christian_Jaccard&oldid=200302929] (Consulté le 9 janvier 2023).
Les explosifs et le dessin automatique
L’artiste Cai Guo-Qiang utilise des explosifs afin de produire une trace plus ou moins contrôlée sur le papier ou la toile. Pour ce faire, il place au sol un support sur lequel il dispose des poudres à canon jointes par différentes mèches pour permettre au feu de se propager sur la surface. Il recouvre l’ensemble de tôles métalliques maintenues en place par des poids (briques et pierre). Le dessin se forme grâce à une trace de combustion obtenue par les différentes explosions.
Explore le travail de Cai Guo-Qiang en regardant les œuvres suivantes sur son site Internet :
Le dessin à la suie : photographie, installation et art public
Steven Spazuk est né à Montréal, en 1960. Il redéfinit à sa manière la technique du fumage inspirée des surréalistes. Depuis le début des années 2000, il explore la technique du dessin tracé par la flamme. Il effleure la feuille par la flamme d’une chandelle pour y déposer un film de suie, par ce processus, il fait naître des animaux et des personnages. La flamme qui laisse une trace imprévisible est ensuite façonnée par des gestes très précis à l’aide d’un grattoir, d’un pinceau ou d’une plume pour compléter la composition d’abord aléatoire. L’utilisation de la flamme comme médium principal dans ses œuvres propose une dualité entre la source de vitalité et le fléau dévastateur. Ses œuvres évoquent la position ambiguë de l’humanité face à la nature, à la fois par la réalisation et la destruction. Certaines œuvres récentes sont produites en enregistrant les mouvements de créatures vivantes comme des papillons monarques sur la surface préparée par fumage. Le projet Monarque 2014 propose une collaboration avec la communauté afin de réaliser un projet d’art public. Dans ses œuvres récentes, l’artiste s’associe à Oliver Bernardi et produit des images à l’aide de la combinaison des techniques du fumage et des photogrammes.
Steven Spazuk Dodging the Bullet, 2018
Suie sur papier monté sur panneau, 50,8 x 40,6 cm
Barn Owl, 2018, suie sur panneau de gesso, 122 x 91,4 cm
Steven Spazuk Dodging the Bullet, 2018
Suie sur papier monté sur panneau, 50,8 x 40,6 cm
Barn Owl, 2018, suie sur panneau de gesso, 122 x 91,4 cm
Références consultées
(X) « New Collaboration with Oliver Bernardi », [En ligne] [https://www.spazukbernardi.com/].
Photogramme
Explore les différentes applications de la technique de fumage dans le travail de Steven Spazuk
In the cosmos, 2021
suie sur papier à la gélatine argentique exposé, 25,4 x 20,3 cm
Summer Field, 2022
suie sur papier à la gélatine argentique exposé, 50,8 x 40,6 cm
Suggestion d’exercice
Comment pourrais-tu utiliser la technique du fumage afin de développer une imagerie propre à toi? Par exemple, il te serait possible d’utiliser la technique du fumage comme point de départ à une recherche personnelle. Il est possible de capter la suie de la flamme sur un support de papier. Par la suite, tu peux essayer de superposer les effets par la numérisation, la projection, la photographie, et même le dessin et la peinture. La suie déposée sur le support peut aussi être grattée, lavée partiellement ou combinée avec de l’encre et d’autres médiums. Les possibilités sont infinies. Dans l’histoire de l’art et l’art contemporain, la peinture à la suie se fait aussi sur plaque de verre. La suie déposée sur le verre est fragile et peut être modifiée avec un pinceau, une pointe d’aiguilles. La plaque verre une fois recouvert de suie, peut servir d’écran pour projeter des effets de lumière, elle peut aussi servir de vitrail, ou encore elle peut numérisée pour en faire une autre utilisation comme de combiner la photographie ou même la vidéo par superposition de calques.
Suggestions d’œuvres pour découvrir le travail de la suie sur verre
En tant qu’artiste contemporain français, Patrick Neu explore la relation entre les objets et les matériaux qu’il utilise dans ses créations (comme la cire, les ailes d’abeilles et le cristal). Dans certaines de ses œuvres récentes, il utilise du noir de fumée pour reproduire des chefs-d’œuvre célèbres de l’histoire de l’art, tels que ceux de Vélasquez et Bosh. Il applique délicatement la suie à l’aide de bougies sur des plaques de verre ou des verres en cristal. Il grave ensuite son dessin dans le noir de fumée. L’absence de fixation du dessin rend l’œuvre encore plus fragile.
Sources consultées
(X) « Patrick Neu », [En ligne], Wikipédia, [http ://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Patrick_Neu&oldid=190357508] (Consulté le 29 janvier 2022).
(X) MANCHEMATIN, Stéphane et Serge Steyer, Le complexe de la salamandre, Mille et Une Films, Bix Films, 2014, 80 min, [https ://www.mille-et-une-films.fr/le-complexe-de-la-salamandre].