La tache peut être exploitée en trois dimensions dans une installation artistique, que ce soit à l’aide de peinture, d’effets visuels lumineux ou d’autres supports et techniques susceptibles de créer une atmosphère chromatique.
La tache peut être réalisée avec de l’encre, de la peinture acrylique, de l’aquarelle, de la gouache, du colorant, du café, des effets de couleurs versées dans l’eau, la peinture de lumière captée à l’aide d’une caméra, etc.
De nombreux outils peuvent servir à produire des taches : pinceaux, brosses, pailles, baguettes, mains…
Exercice 1 : L’empreinte
Dans l’histoire de l’art, l’empreinte joue un rôle important comme initiateur de création d’images. Les empreintes de doigts de mains de pieds faites avec de la peinture peuvent être une avenue de création ludique. Ces taches produites peuvent devenir des petits personnages, insectes, créatures ou végétaux imaginaires.
Piero Manzoni, artiste reconnu pour ses interventions artistiques provocantes par rapport à la marchandisation de l’art, a même apposé son empreinte digitale sur un œuf qu’il exposera en tant qu’œuvre assumée. L’œuvre est aujourd’hui estimée chez Christie’s entre 100 000 € et 150 000 €.
Marcus Harvey réalise une œuvre très controversée du portrait d’une meurtrière arrêtée au même titre que son conjoint pour avoir agressé sexuellement et tué cinq adolescents. La toile monumentale reproduit une image réaliste en valeur de gris du visage de la criminelle avec des empreintes faites à l’aide de moulages d’une main d’un enfant trempé dans la peinture.
Sources consultées
(X) « Myra (Marcus Harvey) », Wikipédia, [http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Myra_ (Marcus_Harvey) & oldid=199419145] (Consulté le 11 décembre 2022).
(X) Glancey, « Image that for 36 years fixed a killer in the public mind » [archive], 15 novembre 2002 (consulté le 5 septembre 2016).
Olivier Terral est un artiste français qui réalise ses œuvres avec des empreintes de doigts, des portraits et des paysages qui prennent forme par la juxtaposition de taches digitales! Tu peux explorer le site de l’artiste sur Internet afin de découvrir ses œuvres picturales réalisées par l’empreinte de ses doigts.
L’empreinte peut aussi être faite avec des objets des végétaux qui t’entourent. Dans la tradition japonaise, l’empreinte de poisson entier enduit de peinture sur une feuille de papier a autrefois servi aux pécheurs à garder les traces de leurs prises pour les comparer. Cette pratique serait devenue une forme d’art au milieu du XVIIIe siècle. Certains artistes ajoutent à ces empreintes des couleurs, des ornementations ou des signatures.
L’artiste américain Bryan Nash Gill a imprimé une série d’empreintes à partir de tronc d’arbres coupés, qui révèlent les anneaux de croissances sur du papier, la série intitulée « Woodcut ».
Sources consultées
(X) ARTS PLASTIQUES. L’empreinte dans l’art, 2018. [https://perezartsplastiques.com/2018/01/02/lempreinte-dans-lart/].
Exemple de la technique de l’estampe au doigt
Photos : Édith Croft
Exercice 2 : La tache d’encre
La technique de la tache d’encre peut être explorée de différentes manières. Certains artistes mélangeront l’encre avec du savon afin de faire des bulles soufflées qui éclatent à la surface du papier laissant apparaître des ronds texturés très inspirants. D’autres encore laisseront l’encre couler dans différentes directions sur le papier. Une autre méthode consiste à souffler avec une paille sur une tache d’encre pour créer des ramifications comme les branches d’un arbre. L’encre est infiniment soluble, ce qui permet une multitude d’effets.
Exemple des techniques à l’encre avec savon soufflée
Photos : Édith Croft
Exemple des techniques à l’encre soufflée
Photos : Édith Croft
Nombre d’artistes ont utilisé l’encre sous forme de tache afin d’explorer des mondes imaginaires. Victor Hugo, plus connu pour son œuvre littéraire « Les misérables » (1862) a suscité une admiration particulière chez les artistes du surréalisme comme André breton pour ses dessins réalisés à partir de toute sorte d’expérimentation de taches et d’éclaboussures. Victor Hugo écrivait, en 1860, une lettre à Baudelaire y relatant de multiples expérimentations qu’il avait faites afin de traduire disait-il ce qu’il avait dans l’œil, mais surtout dans l’esprit.
Sources consultées
(X) COLLECTION LOUVRE, Taches-planètes, de Victor Hugo, département des arts graphiques, 2022. [https://collections.louvre.fr/en/ark:/53355/cl020567992].
Explore les œuvres suivantes de l’artiste afin de découvrir sa technique
Anaïs Pelletier, Trouble, 2022
Encre et lavis sur papier Yupo, cours Expression picturale, Cégep de Rivière-du-Loup
Photos : Nadine Boulianne
Jim Holyoak, The Thicket, 2016
Centre Clark / Photo : Paul Litherland
Cette représentation abstraite et graphique des banians prend la forme d’un imposant dessin de 30,48 mètres (100 pieds), soit la totalité du périmètre disponible dans la salle d’exposition.
Visite le site Internet de l’artiste Jim Holyoak et explore les œuvres intitulées « Norwegian Nocturnes ».
Jim Holyoak est un artiste canadien à la fois dessinateur et écrivain travaillant en Colombie-Britannique. Son domaine artistique englobe diverses disciplines telles que l’art du livre, la peinture à l’encre et les installations de dessins grand format. Outre ses projets personnels, Holyoak a collaboré avec son collègue Matt Shane sur de nombreux projets de dessin impliquant parfois des centaines de personnes dessinant ensemble. Il est possible de visiter le site Internet de l’artiste afin de découvrir son travail de dessin d’installation à partir de différentes techniques de dessin à l’encre incluant les taches et les éclaboussures.
Sources consultées
(X) Site personnel de l’artiste : http://monstersforreal.com/the-thicket/
Exercice 3 : La technique du papier marbré
La technique du papier marbré consiste à déposer à la surface de l’eau différentes encres de Chine ou peintures colorées qui ont une composition chimique (par exemple : la peinture à l’huile diluée dans la taltine ou la térébenthine), ce qui leur permet de rester en suspension sans se mélanger à l’eau. L’encre de Chine pourra aussi servir puisqu’elle est insoluble dans l’eau.
Les couleurs non mélangées créent des marbrures qu’on vient prélever en passant une feuille de papier sur la surface de la nappe colorée. Un nouveau dérivé de cette technique artisanale est aujourd’hui très en vogue pour faire des marbrures sur les objets 3D à l’aide de peinture en aérosol de couleurs contrastées pulvérisées à la surface de l’eau. Il s’agit de l’« hydrapainting ». Ce procédé est cependant très toxique pour la santé et pour l’environnement puisqu’il requiert des peintures au Kylon qui nécessitent de porter un masque à cartouche, et qu’il produit des eaux usées qui sont aussi très nocives pour l’environnement.
Exemple de papier marbré à l’encre soufflée
Photos : Jason Albert
Mohamed Abla, originaire de Mansoura, est un artiste ayant exposé ses œuvres dans de nombreux lieux prestigieux tels que l’Académie égyptienne des Arts à Rome et le Kuntsmuseum allemand. Son exploration constante de l’histoire de la Route de la Soie et des parallèles entre la politique passée et présente à l’Est et à l’Ouest lui a valu de remporter le premier prix à la Biennale du Koweït, ainsi que celui de la Biennale d’Alexandrie en 1997. Il est également connu pour son engagement social et politique dans sa pratique artistique, en utilisant souvent l’art pour exprimer des idées sur les droits de la personne et la liberté d’expression.
Son travail consiste en une variété de techniques et de médias, y compris la peinture, la sculpture, le dessin et l’installation. Ses œuvres sont souvent caractérisées par une utilisation habile de la couleur, une attention particulière aux détails et une sensibilité à la forme. Dans sa série « Silk Road », il utilise notamment la technique du papier marbré et de taches de couleur qu’il découpe afin de représenter des fresques illustratives.
Sources consultées
(X) PROCTOR, Rebecca Anne. The Magical East: Egyptian Artist Mohamed Abla Explores The Silk Road, Bazaart, 2017. [https://www.harpersbazaararabia.com/culture/art/artists/egyptian-mohammad-abla-explores-the-silk-road].
Explore l’exposition « Silk Road » de Mohamed Abla
Exercice 4 : La trace laissée par la rouille
Le dessin à la rouille peut se faire en disposant des objets métalliques sur un tissu et en pulvérisant sur l’arrangement une solution d’eau, de sel et de vinaigre pour ensuite attendre au moins 48 heures. Il est aussi possible de créer une solution pigmentée en utilisant la même recette et en y plongeant des objets métalliques. Il sera possible de peindre, de faire des retouches ou même des taches avec ce jus coloré.
Raphaël Rochefort, Sans titre, 2017 (effets de rouille sur coton)
Cours Expression picturale, Cégep de Rivière-du-Loup.
Photo : Édith Croft
Yoakim Bélanger est un artiste de Montréal dont la pratique artistique provient à l’origine de sa rencontre avec le métal qu’il considère comme le symbole emblématique de la première révolution industrielle. L’artiste a choisi de travailler sur des plaques métalliques, non seulement en raison de leur lien étroit avec le développement du design et de l’architecture, mais également parce que ces plaques présentent une variété de caractéristiques plastiques, telle que la rouille, le miroitement, la texture et la surface lisse, qui renferment une mémoire et une histoire susceptibles d’offrir un potentiel narratif illimité. Son travail est évolutif en ce sens que la rouille sur certains supports continue de progresser, poursuivant le travail amorcé par le peintre.
Sources consultées
(X) Site personnel de l’artiste, http://www.yoakimbelanger.com/oeuvres/peintures/
Explore le travail de l’artiste Yoakim Bélanger afin de découvrir comme il intègre le potentiel imaginaire de la rouille comme point de départ à ses créations picturales.
Yoakim Bélanger, Light Warrior XI, 2018
122 x 122 cm, technique mixte sur aluminium
Exercice 5 : La transparence à la tache de cire
La cire est une matière très intéressante à utiliser en dessin ou en peinture. Cette technique peut donner des résultats très surprenants, car elle a pour effet de rendre le support de papier ou de carton translucide aux endroits où elle sera déposée fondue. C’est un procédé qui appelle l’imaginaire, car il est très difficile de contrôler le degré d’absorption de la cire par le papier. Ainsi, les taches inspireront des tracés et sujets fabuleux. C’est une technique dérivée de l’encaustique qui consiste à peindre avec de la cire d’abeille fondue. L’encaustique était utilisée à l’origine dans l’antiquité sur des panneaux de bois, car une fois solidifiée, la cire peut effectivement craquer. On la retrouve entre autres dans les portraits du Fayoum. Quelques artistes bien connus l’ont intégré à leurs œuvres tels que le peintre américain Jasper John, dans ses œuvres de drapeaux américains.
Images à chercher
Exemple des techniques à la cire fondue
Joanne Brouard
Photos : Édith Croft
Voici deux exemples de dessins réalisés dans mes cohortes de dessin récentes.
Sarah Guillemet, Sans titre, 2023
Cours Dessin, Cégep de Rivière-du-Loup.
Photo : Jason Albert
Joanne Brouard, À l’ombre d’un fil, 2019
Cours Dessin d’expression, Cégep de Rivière-du-Loup.
Photo : Joanne Brouard
Lucienne Cornet, NOMADE CHARIOT 3, 2003
Acier, papier, cire, lumière, 200 x 250 x 80 cm, exposition à la Maison de la culture du Plateau Mont-Royal, Montréal.
Photos : Guy L’Heureux
Explore le travail de Lucienne Cornet
Lucienne Cornet était une artiste reconnue du milieu des arts au Québec et à l’étranger. Elle a obtenu plusieurs prix et ses œuvres font partie de collections importantes dans les musées canadiens. Elle a pratiqué pendant plus de quatre décennies le dessin, la peinture, la sculpture et l’installation, en plus d’avoir réalisé plusieurs projets d’intégration à l’architecture.
L’artiste a toujours aimé combiner ses recherches scientifiques avec sa pratique artistique. En puisant son énergie créative des forces de la nature telles que la naissance, la croissance, l’épanouissement, le développement et la transformation, elle construit des formes organiques. Ces formes prennent vie à partir de structures et de principes biologiques mémorisés, réinventés au contact du matériau qui guide la réflexion de la main. Tout le processus de création fascine l’artiste. Le matériau, par ses différentes transformations, active la mémoire d’expériences naturelles et culturelles, parfois enfouies chez l’individu.
Ses œuvres se distinguent par l’emploi de signes symboliques puissants, ainsi qu’une sensibilité au partage et à l’échange. Elle transpose une réalité sensible imprégnée de sensualité et de spiritualité et accorde une importance particulière à l’expérience de l’espace et du mouvement, soulignant le jeu des rythmes et mettant en évidence les lignes énergétiques qui créent une sensation de tension et d’élan.
Sources consultées
(X) Site personnel de l’artiste Lucienne Cornet : http://www.luciennecornet-art.com/createure-visuel/
(X) Œuvre : http://www.luciennecornet-art.com/project/nomade-chariots/