Provoquer l’imaginaire
Naissance des concepts
Devant la panne créative, il faut parfois sortir des sentiers battus afin de provoquer l’imaginaire. Il existe une multitude d’approches et de techniques de création qui peuvent aider à déjouer l’angoisse de la page blanche. Provoquer l’imaginaire est un ensemble d’outils axés sur une approche plus instinctive de la créativité. Il présente différentes techniques artistiques permettant d’aborder la création sans le contrôle du geste par la raison.
Pour découvrir différentes stratégies afin de vaincre la panne artistique, voici la liste des techniques que contient la seconde trousse de l’Arsenal de la créativité : Provoquer l’imaginaire. Dans ces documents, des modes d’exploration de la créativité divers seront expliqués et contextualisés par des exemples visuels provenant de l’histoire de l’art, mais aussi de l’art contemporain et actuel canadien et québécois. Des exercices de recherche et de création y sont suggérés afin d’explorer les différents modes d’expression artistiques pour propulser la créativité ou réaliser des projets selon des thèmes. Bonne découverte!
Lors de la réalisation d’une œuvre d’art, il arrive souvent des accidents imprévisibles. Un morceau de moulage qui casse, un café ou un pot de peinture renversé sur le tableau en cours, une déchirure sur la toile à peindre, l’œuvre finale qui se brise dans le transport, etc. Ces malheurs qui sont le fruit d’un hasard malchanceux ont cependant le potentiel de rendre parfois l’œuvre plus signifiante puisque l’accident provoque la créativité ou l’inventivité afin de trouver de nouvelles solutions au problème survenu dans l’inattendu.
Le collage est considéré comme un mode d’expression pluridisciplinaire plus que tout autre moyen d’expression artistique, puisqu’il juxtapose des fragments existants à partir de sources disparates, hétéroclites (photographies, textures, couleurs, objets, histoires…). Il s’alimente de la surabondance des images de notre société actuelle et les décontextualise dans un discours remixé. Le collage donne aux artistes une occasion d’aborder les préoccupations politiques, environnementales et psychologiques dans un vocabulaire accessible, direct et facile à décoder. Il constitue donc une forme d’expression artistique aisément comprise et acceptée de tout le monde, et est ainsi tout autant considéré comme un art populaire ou comme grand art.
Éloïse Plamondon Gagné est une artiste multidisciplinaire de Québec intégrant à sa démarche l’installation, l’estampe, la vidéo, la photographie, le dessin et l’écriture. Elle réalise diverses résidences artistiques à travers le monde qui contribuent à nourrir son imaginaire de création. Sa pratique est inspirée par le mouvement et par le temps. En 2019, elle réalise un projet de carnets de dessins lors d’une résidence de recherche et création en Islande, où le solstice d’été est marqué par le soleil de minuit et les grandes migrations d’oiseaux. Parcourant les falaises du littoral, elle filme chaque jour le paysage vierge entre les volcans de l’arrière-pays et l’océan arctique à perte de vue. Pendant ces longues périodes vigilantes de captation d’images, elle remarque les trajectoires des oiseaux dans le ciel et est impressionnée par leurs vols exaltés après leur long périple qui apparaissent dans ses prises de vue. Elle commence alors à dessiner leurs trajectoires à main levée, utilisant les feuilles de son cahier comme autant de fenêtres pour capturer les instants de la nature immense.
Sans être une finalité, la tache est un point de départ à la recherche d’idéation qui génère des associations visuelles imprévues. L’accident provoqué par l’expérimentation tachiste peut être ensuite exploité dans la réalisation d’une œuvre à l’aide de techniques artistiques pratiques ou virtuelles.
Dès les prémices de l’humanité, l’homme a senti le besoin de s’inventer des outils pour accompagner ses tâches quotidiennes (chasser, cueillir, se protéger…), mais aussi afin d’exprimer sa créativité. Ainsi, les hommes et femmes de la préhistoire ont utilisé des branches brûlées pour dessiner sur les parois rocheuses, ont confectionné des pinceaux avec des plumes et des poils, ont découpé des caches dans des peaux d’animaux et ont aussi inventé des propulseurs de peinture à l’aide de tube en os creux ou en roseau.
Le fantôme de l’image s’explique tout d’abord par le décalage temporel entre le sujet réel et la trace de celui-ci laissée par une empreinte visuelle. C’est le témoignage du passage éphémère, qu’un objet, une personne ou un élément de la nature aura laissé sur une surface ou un support multimédia. Le meilleur exemple de ce phénomène est parfois observable l’automne sur les trottoirs. Lorsque les feuilles tombent des arbres et laissent une empreinte de couleur de leur présence sur le béton après la pluie. La feuille aura été soufflée par le vent, mais le fantôme de son image subsistera. On observera aussi ce phénomène lorsqu’on retire les encadrements d’un vieux mur et que ceux-ci auront laissé une empreinte plus claire sur la surface peinte, à l’endroit qu’ils recouvraient.
Plusieurs expressions imagées de la langue française font référence à l’ombre : avoir peur de son ombre, courir après une ombre (qui veut dire se faire des illusions), n’être plus que l’ombre de soi-même… L’ombre peut parfois générer des frayeurs lorsque l’imagination s’emballe, surtout chez les enfants que l’on nomme communément : la peur du noir. Effectivement, depuis la nuit des temps (sans vouloir faire de jeu de mots), l’humain associe l’ombre à quelque chose de mystérieux, parfois à un monde du rêve ou de l’imaginaire. Plusieurs artistes dans l’histoire de l’art ont exploré cette forme d’expression comme matière à générer la créativité dans leurs œuvres. L’ombre est génératrice de récits de personnages et d’environnements fantastiques, où l’imagination et l’émerveillement du spectateur sont grandement sollicités.