En 2020, les membres des deux collectifs Wendat et VU ont formé un comité artistique pour développer des projets cherchant à créer des liens entre les deux communautés. À l’occasion d’un événement d’échange « Yahndawa » soutenu par sept organismes artistiques, sept artistes originaires de Wendake et sept autres provenant de Québec se sont rencontrés dans le but de discuter de leurs pratiques, de collaborer et de cocréer. Le projet s’est élaboré en suivant le littoral de la rivière Saint-Charles qui relie les deux communautés. L’idée du portage est illustrée par les acquis et vécus de chaque membre, qui se propagent ensuite sur de nouveaux territoires. L’idée véhiculée par le projet « Yahndaw » est un échange de pratique artistique, de visions, de réalités et d’identités.

C’est dans ce contexte qu’Annie Baillargeon et Teharihulen Michel Savard ont réalisé des actions performatives dont le but était de permettre à leurs « persona » (la sorcière et le guerrier) de se rencontrer. Par cette intervention artistique, ils se sont réapproprié des mythes et des rituels de guérison pour aborder les violences et l’invisibilisation infligées aux femmes et aux autochtones depuis très longtemps. La performance était une forme de proposition à s’unir pour soigner tant les têtes et les corps que l’humain et la nature autour de la rivière sur les berges de la rivière qui traverse la ville.

Sources consultées

(X) Anne-Marie Proulx, (2022), là où coule les ramifications de nos portages, Annie Baillargeon.
https://www.anniebaillargeon.site/2022-l%C3%A0-o%C3%B9-coule-les-ramifications-de-no

« La meilleure façon d’avoir une bonne idée, c’est d’avoir beaucoup d’idées! »

Linus Pauling

Le processus créatif du remue-méninges est plus connu sous son appellation anglaise : brainstorming. C’est une technique créative de résolution de problèmes, qui a été développée dans les années 1940 par Alex Osborn, un publicitaire américain. Il a constaté que les réunions traditionnelles de résolution de problèmes étaient souvent infructueuses et peu productives, car les personnes qui y participaient étaient généralement trop craintives ou gênées pour proposer des idées audacieuses.

M. Osborn a donc conçu une méthode de « brainstorming » qui permettait aux membres de la réunion de générer rapidement et librement des idées nouvelles et originales.

La technique du remue-méninges est habituellement utilisée comme un processus de réflexion collective réalisé par un groupe d’individus dans le but de générer un grand nombre d’idées afin de stimuler la créativité.

La première phase de la technique prône d’abord une communication libre permettant à toutes les idées d’être émises par les membres du groupe. À ce premier stade, aucune censure, critique, sélection ou organisation des idées ne sont pratiquées afin de laisser le plus d’espace possible à la créativité. Ce ne sont que les étapes ultérieures à ce premier processus qui permettront une forme d’élagage et d’organisation des idées émises lors de l’exercice.

Originellement, le concept de collectivité pour réaliser l’exercice du remue-méninges était le plus encouragé. Toutefois, la recherche de solution selon un thème donné peut s’avérer parfois tout aussi efficace si elle est pratiquée individuellement. Ainsi, il peut être intéressant soit de débuter une recherche selon des paramètres d’abord individuellement et de poursuivre par une activité de mise en commun des résultats. L’inverse est aussi possible.

Pour réaliser un remue-méninges efficace, avant d’entamer le processus de recherche d’idée par quelques techniques qu’il soit, il est important d’organiser les étapes de l’exercice en respectant un ordre.

1. Identifier la problématique

J’aime beaucoup me référer au titre de l’œuvre magistrale de Paul Gauguin qu’il a créé à Tahiti en 1897 : D’où venons-nous? Que sommes-nous? Où allons-nous?

  • Que cherche-t-on ?
  • Quelle est la problématique?
  • Quel est le thème de l’œuvre à produire ?
  • Quel est le mandat du projet ?

 2. La recherche

La phase de recherche pourra débuter seulement lorsque la problématique aura bien été identifiée.

Quoi faire?

  • Rédiger une liste des idées qui surgissent : sans organisation, sans préjugé ou censure
  • Rechercher des informations qui peuvent être utiles sur Internet, dans les livres et revues, dans les dictionnaires, par vocabulaire, par des synonymes, associations, etc.

3. Générer des idées

Le but de cet exercice est de résoudre la problématique et de trouver des solutions ou du moins des pistes de solution. L’un des principes fondamentaux du remue-méninges est de produire le plus d’idées possible en réponse à une problématique ou une question. Il est donc important d’encourager les personnes qui participent à Le but de cet exercice est de résoudre la problématique et de trouver des solutions ou du moins des pistes de solution. L’un des principes fondamentaux du remue-méninges est de produire le plus d’idées possible en réponse à une problématique ou une question. Il est donc important d’encourager les personnes qui participent à émettre le plus d’idées possible, même s’il s’avère qu’elles n’exposent pas de fondement réaliste. La clé du remue-méninges est la quantité et non la qualité. Le rythme est par conséquent un élément important puisqu’il permettra d’émettre beaucoup d’idée rapidement.

Le remue-méninges constitue la première étape de la phase d’exploration d’un nouveau projet. Il est donc important d’être ouvert à toutes les idées et à toutes les possibilités. Puisque cette technique créative n’a pas de censure, elle encourage à innover en trouvant des réponses parfois inusitées. Les complications surviennent lorsque des personnes qui participent veulent passer trop rapidement à l’étape du triage des bonnes idées ou des moins bonnes de peur d’être jugées ou rejetées. Aussi, pour permettre aux idées de naître en toute quiétude, il est primordial de s’abstenir d’émettre des critiques.

En résumé, deux principes fondamentaux définissent le remue-méninges :

  • La recherche la plus étendue possible
  • La suspension du jugement

Quatre règles importantes émanent de ces deux principes de base :

  • Afin d’obtenir autant d’idées que possible, laisser les pensées couler à flots.
  • Toute idée est la bienvenue, aussi bizarre qu’elle soit.
  • Aucune critique sur les idées émises n’est tolérée.
  • À partir des idées déjà formulées, rebondir et trouver des améliorations ou des combinaisons.

Sources consultées

(X) GRANGER, Laurent. « Comment faire un Brainstorming : la méthode », dans Manager Go!, [En ligne], 3 juillet 2023. [https://www.manager-go.com/gestion-de-projet/dossiers-methodes/remue-meninges].

(X) DEBOIS, François, Arnaud Groff et Emmanuel Chenevier. La boîte à outils de la créativité, 3e éd., France, Dunod, 2019.

(X) « Brainstorming », [En ligne], Wikipédia, 17 février 2021, 12 h 57. [http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Brainstorming&oldid=180002125].

(X) DANÉTIS, Daniel. Parler-créer? T.3 : Pensée critique & création artistique, Paris, L’Harmattan, 2012,130 p.

(X) ANZIEU, Didier, et Jacques-Yves Martib, La dynamique des groupes restreints, Paris, PUF, 1968 (3e édition 2017), 400 p.

Un peu d’histoire… L’ŒIL Cacodylate de Francis Picabia

« Dans le salon, il y avait une grande toile couverte de phrases et de signatures laissées par les visiteurs. Des pots de peinture jonchaient le plancher. Il m’invita à signer. »

Man Ray. 

Au mois de mars 1921, Francis Picabia souffre d’un zona ophtalmique qui l’accable tellement qu’il en tire l’inspiration pour plusieurs de ses tableaux sur les thèmes oculaires. L’un de ces tableaux, intitulé « L’Œil cacodylate » et référencé sous le numéro 279 dans le catalogue raisonné de ses œuvres. Il présente un œil surdimensionné peint sur une toile vierge sur laquelle M. Picabia invite le public à inscrire une phrase de leur choix. Ce tableau est exposé pour la première fois au Salon d’Automne en 1921 et, lors du « Nouvel an cacodylate » organisé par M. Picabia chez la chanteuse Marthe Chanal cette même année, les personnes invitées sont sollicitées pour compléter le tableau. Le tableau deviendra par la suite une ornementation du célèbre cabaret Le Bœuf sur le toit à Paris. L’Œil cacodylate est considéré par les historiens comme un témoignage important d’une époque festive, celle des « années folles », une forme d’archive qui documente le cercle des familiers de M. Picabia.

Il y a néanmoins dans cette œuvre une forme d’intervention collective qui rappelle l’exercice du remue-méninges par lequel toutes les personnes qui participent sont invitées à émettre des idées sans jugement. L’œuvre d’art « L’Œil cacodylate » de Francis Picabia peut être considérée comme une invitation à la participation créative de la communauté, car elle incite le public à inscrire une phrase de leur choix sur la toile. Cette forme d’interaction entre l’artiste et le public est similaire au processus du remue-méninges, où un groupe est invité à échanger des idées et à proposer des solutions créatives à un problème donné. Avec cette œuvre, M. Picabia encourage la collaboration et la cocréation en permettant à l’auditoire de laisser leur marque sur la toile. L’artiste encourage l’expression libre et l’imagination, sans les limites imposées par les normes ou les idées préconçues.

Sources consultées

(1) LADIC, Sylvia. Analyse d’œuvre : l’œil cacodylate de Francis Picabia, 2013. [http://e-cours-arts-plastiques.com/analyse-doeuvre-loeil-cacodylate-de-francis-picabia/].

(2) OTTINGER, Didier. Extrait du catalogue Collection art moderne – La collection du Centre Pompidou, Musée national d’art moderne, sous la direction de Brigitte Leal, Paris, Centre Pompidou, 2007, [https://www.centrepompidou.fr/fr/ressources/oeuvre/co4yLBM].

Aujourd’hui, la notion d’œuvre collective et de regroupement des forces créatives en faisant appel à la communauté est de plus en plus fréquente dans l’art d’intervention avec le public ainsi que dans l’art d’intégration à l’architecture. Cette notion de collectivité vient renforcer le sentiment d’appartenance des œuvres créées auprès des communautés qui fréquenteront l’art dans l’espace public. Le partage des idées de tout un chacun devient une des constituantes de l’œuvre qui s’apparente aussi au processus du remue-méninges.

Annie Baillargeon

En 2017, l’artiste Annie Baillargeon, originaire du Québec, réalise une œuvre pour le programme d’intégration des arts à l’architecture intitulée « Chez moi chaque jour est une fête ». Pour concevoir cette création, elle a collaboré avec onze jeunes de 9 à 12 ans provenant d’Afrique, d’Amérique du Sud, d’Asie et du Québec. Ensemble, ils ont créé une maison ludique aux fenêtres lumineuses, qui reflète la fête, l’amour et la joie. La découpe des formes rappelle le tracé d’un pays ou d’un territoire. En impliquant les résidents et résidentes dans le processus créatif, l’artiste permet à chacun de contribuer à la conception de l’œuvre en apportant ses idées et sa vision personnelle à la manière du processus impliqué dans l’exercice du remue-méninges. Le résultat final de l’œuvre est également similaire à celui du remue-méninges, car il reflète les idées et les contributions de plusieurs personnes. En incorporant les idées de la communauté, l’artiste crée une œuvre d’art qui est le fruit d’un processus collaboratif et inclusif.

Entre autres choses, le processus créatif de l’œuvre de Mme Baillargeon implique également une réflexion sur les normes et les idées préconçues. En invitant la communauté locale à participer à la conception de l’œuvre, l’artiste encourage une approche innovante et créative qui remet en question les conventions traditionnelles de l’art et de l’architecture.

Annie Baillargeon, Chez moi chaque jour est une fête, 2017. 3,65 m X 1.8 m X 1.8 m, aluminium peint, impression PVB sur verre trempé. Programme d’art public de la ville de Québec, œuvre réalisée en lien avec un programme de médiation culturel, Parc Louis-Latulippe, Vanier, Québec.

Annie Baillargeon, Chez moi chaque jour est une fête, 2017. 3,65 m X 1.8 m X 1.8 m, aluminium peint, impression PVB sur verre trempé. Programme d’art public de la ville de Québec, œuvre réalisée en lien avec un programme de médiation culturel, Parc Louis-Latulippe, Vanier, Québec.

Pour découvrir tout le processus d’implication de la communauté dans la réalisation de l’œuvre, tu  peux visionner la vidéo suivante à partir de :

Annie Baillargeon, Chez moi chaque jour est une fête, 2017. Collection d’art public de la ville de Québec, Parc Louis Latulippe. Vidéo : durée 4 min 6 s https://www.youtube.com/watch?v=c2Wx_PHkA9A

Sources consultées

(X) QUÉBEC (VILLE), Une maison festive conçue par de jeunes immigrants, [Vidéo en ligne], 2018, Repéré au https://www.youtube.com/watch?v=c2Wx_PHkA9A.

Objectifs standards visés

054A

Appliquer des techniques de peinture dans une perspective de création.

054B

Exploiter des modes de création actuels en peinture dans une perspective de démarche artistique.

054C

Appliquer des techniques de sculpture dans une perspective de création.

054D

Exploiter des modes de création actuels en sculpture dans une perspective de démarche artistique.

054E

Créer des images photographiques dans une perspective artistique.

054F

Appliquer des techniques de traitement de l’image numérique comme mode de création artistique.

054J

Exploiter des approches en vidéographie artistique.

0549

Exploiter le dessin comme mode de création.