La résidence Réflexions sur 2020 a cherché à évaluer l’état de l’écosystème de l’art contemporain à la fin d’une année extraordinaire. Les membres qui ont participé ont été choisis pour leur diversité de rôles et de perspectives, ainsi que pour leur capacité à nous inspirer grâce à leur réponse à la pandémie et leur réaction face aux enjeux soulignés par l’année 2020. Un dernier coup d’œil par derrière, pour mieux voir de quoi 2021 sera fait. Pendant cette année exceptionnelle marquée par la pandémie, Maude Arès a consacré une réflexion approfondie à la création d’outils, à la communication des oiseaux, aux vibrations des insectes, aux mouvements de l’air et de l’eau, ainsi qu’à la mobilité au sein de réseaux complexes. L’œuvre qu’elle a créée s’inspire des insectes, de leur capacité incroyable d’adaptation et de leur aptitude à établir et à maintenir des réseaux complexes et équilibrés, ainsi que de leur expertise en matière de cohabitation collective et interespèces et de leurs modes de communication. La création de l’œuvre s’est appuyée sur la fluidité, le toucher et la terre pour exprimer la résilience et la métamorphose. L’artiste considère cette technique comme un fossile, constitué de différentes couches de terre; un lieu où l’on peut creuser et/ou découvrir des histoires semblables, mais changeantes au fil du temps qui passe.
Maude Arès, Paysage d’outils, 2019-2021.
Matériaux : matières terreuses et insectes – Papier 2 (crayon de bois, de plomb et de cire sur papier graphite)
Sources consultées
(X) RÉSIDENCE ÉDITIONS, Réflexions sur 2020 | Regards sur 2021, partie 1. [En ligne], [https://www.residenceeditions.co/conversations/2021/1/22/bilan-2020-i-ydy2l-4s785-e7zp4].
(X) RÉSIDENCE ÉDITIONS, Réflexions sur 2020 | Regards sur 2021, partie 2, musée de Joliette. [En ligne], https://www.residenceeditions.co/conversations/2021/02/11-bilan-partie2
Le dessin et l’esquisse
Avant toute chose, il apparaît important ici de faire la distinction entre le dessin et l’esquisse de manière historique et étymologique. La technique du dessin a longtemps été considérée comme une esquisse et non comme une forme d’art à part entière. D’abord à cause des types de supports employés qui étaient plutôt de nature éphémère. Aussi, parce que le dessin n’était pas considéré comme un art « majeur », et ce, presque jusqu’au XIXe siècle. Les arts majeurs étaient classifiés et définis comme des arts mécaniques, c’est-à-dire les activités pratiquées par les artistes ou les artisans et artisanes (l’architecture, la sculpture, l’orfèvrerie, la verrerie et la peinture) qui consistent à transformer la matière. Autrement dit, le dessin n’était considéré que comme une activité préparatoire à réaliser une œuvre d’art « majeure », c’est-à-dire une esquisse.
Jusqu’au XVIIe siècle, les dessins étaient plutôt utilisés comme un outil de communication (plans, devis d’exécution d’un projet) ou encore pour la formulation d’une intention de projet artistique. Ainsi, le dessin a longtemps été considéré comme une technique plutôt que comme un mode d’expression artistique à part entière.
Sources consultées
(X) ZYLBERBERG, Sam. Quels sont les neuf arts majeurs?, 2017. [https://jeretiens.net/les-neuf-arts-majeurs/].
Quelques définitions et distinctions importantes
Voici quelques œuvres à chercher pour illustrer les différenciations de chaque définition
Recherche les œuvres suivantes de Léonard de Vinci afin de visualiser ce qu’est une esquisse
Note : Malgré que les titres comportent presque tous le mot «étude», il s’agit bien d’étapes différentes de l’esquisse.
Tu peux ici faire la comparaison avec la version du tableau terminé
Le croquis représente un stade de dessin encore plus élémentaire que l’esquisse. Plusieurs artistes ont développé l’habitude d’avoir un carnet de croquis à portée de la main. L’esquisse va plus loin; elle est plus soignée et ce processus permet d’explorer rapidement différentes avenues du projet à réaliser.
Recherche l’œuvre suivante de Léonard de Vinci afin de visualiser ce qu’est une ébauche
Recherche les œuvres suivantes de Léonard de Vinci afin de visualiser ce qu’est une étude
Sources des informations sur les définitions
(X) « Dessin », [En ligne], Wikipédia, 8 avril 2021. [http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Dessin&oldid=181681173] (Consulté le 8 avril à 7 h 30).
(X) VALÉRY, Paul. Degas, danse, dessin, Paris, Gallimard, 1965 (1re éd. 1938), 272 p. (Collection Folio).
(X) FRANCE ARCHIVES. Archives des musées nationaux, Cabinet des dessins, pastels et émaux peints du Musée du Louvre, [En ligne], [https://francearchives.gouv.fr/findingaid/1cf73d30e63cfa4a2dc2bfdd49f77532bbdc3097].
(X) DE VINCI, Léonard. Traité élémentaire de la peinture, Chap. 47, Division de la peinture, édition de 1651 [archive].
(X) BRACQUEMOND, Félix. Du dessin et de la couleur, Paris, Charpentier, 1885, p. 23-24.
(X) BLANC, Charles. Grammaire des arts du dessin : architecture, sculpture, peinture, jardins : gravure… eau-forte… camaïeu… lithographie…, Paris, 1876 (1re éd. 1867), p. 21
(X) « Étude (peinture) », [En ligne], Wikipédia, 15 mars 2021, 19 h 52. [http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=%C3%89tude_(peinture)&oldid=180908563].
(X) BERGEON-LANGLE, Ségolène et Pierre Curie. Peinture et dessin, Vocabulaire typologique et technique, Paris, Éditions du patrimoine, 2009, 1249 p.
(X) BÉGUIN, André. Dictionnaire technique de la peinture, 2009 (1re éd. 1990), p. 265.
(X) SOURIAU, Anne. Vocabulaire d’esthétique : par Étienne Souriau (1892-1979), Paris, PUF, coll. « Quadrige », 2010, 3e éd. (1re éd. 1990), 1493 p.
(X) « Ébauche (peinture) », [En ligne], Wikipédia, 30 novembre 2020. [http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=%C3%89bauche_(peinture)&oldid=177134368].
(X) BÉGUIN, André. Dictionnaire technique du dessin, Vander.
À quoi sert l’esquisse ?
- Archiver une idée (c’est une forme de prise de note).
- Transmettre une idée (présentation à la clientèle ou aux exécutants et exécutantes)
- À penser et concevoir un projet. (Prototypage)
- Faire progresser un concept jusqu’à sa réalisation.
Les étapes importantes pour la réalisation d’esquisses
- Pour bien amorcer la démarche de recherche créative et s’assurer de ne pas manquer son objectif, il importe de se poser les questions suivantes : Qui? Pour qui? Quoi? Pourquoi?
- Avant de commencer la conceptualisation, il faut s’assurer de bien avoir compris tous les aspects du thème du projet. Autrement, vous pourriez travailler inutilement sur des solutions qui passent à côté de la cible.
- Ensuite, il faut déterminer ce que vous voulez dire sur le sujet.
Astuce
Il faut faire attention de ne pas précipiter la recherche d’idées, car vous risquez de vous retrouver face à des clichés plutôt qu’avec une idée authentique.
À cette étape il faut explorer le plus d’avenue de solutions possibles, expérimenter dans diverses directions en réutilisant les éléments de l’idéation préliminaire.
Le travail des esquisses se doit d’être abondant et varié, de la quantité émergera la qualité…
Sources des informations
(X) ST-HILAIRE, Luc et François Descarie, Comment faire des images qui vendent. Éditeur Transcontinental, 2005.
Un peu d’histoire…
Le dessin, évolue avec l’histoire de l’humanité. Ainsi, les techniques, les supports et les outils vont progresser selon les avancements scientifiques et les modes. Le dessin est l’un des premiers moyens d’expression de l’humanité. Les témoignages originels remontent à la préhistoire sur des parois de grottes, sur des roches et des os. Les premiers humains laissent des traces dessinées par des incisions gravées et d’autres par les pigments colorés appliqués au moyen d’outils rudimentaires tels que des bâtons de bois brûlés, des roches pointues, des pinceaux faits à l’aide de plumes ou de poils d’animaux. Ce phénomène est désigné par le mot « captation », car il se veut une manière de laisser la trace de son passage, de communiquer, mais surtout de s’approprier l’espace par les premiers humains. Le dessin est utilisé pour marquer son territoire comme le font les artistes du graffiti modernes.
Le dessin réalisé sur un support transportable tel que le papyrus et ses dérivés, le parchemin ou le papier qui apparaissent en Orient. Il est d’abord exécuté avec des outils de traçage comme le calame (roseau) et la plume d’oiseau taillée pour ensuite évoluer vers le pinceau qui prédomine en Orient.
L’ancêtre de la mine de crayon moderne provient de l’utilisation de pointes de métal que les Romains utilisaient sur des supports spécialement préparés à cet effet.
Au Moyen Âge, le dessin est alors reconnu comme « projet d’un ouvrage ». C’est-à-dire qu’il sert à concrétiser une idée avant la réalisation d’un projet, par exemple, d’orfèvrerie, de charpenterie, de tapisserie, de fresque, etc., ce qui le rapproche alors du concept de l’esquisse.
À cette époque, le dessin sert essentiellement à synthétiser et élaborer la pensée de l’artiste ou de l’artisan et de l’artisane. C’est un moyen de communication efficace qui permet de présenter et de faire comprendre à la clientèle potentielle ou aux exécutants et exécutantes la forme que prendra l’élément à réaliser. L’esquisse est donc une forme plus rapide que la réalisation définitive du projet. En général, les dessins n’étaient pas destinés à être conservés. Les projets d’études et de dessins préparatoires aux œuvres ne seront reconnus, préservés et même exposés qu’à la fin du XVIIIe siècle.
L’acceptation du dessin en tant que mode d’expression à part entière n’est que chose très récente dans l’histoire de l’art. De nos jours, on peut découvrir des biennales, des expositions et des livres d’art contemporain et actuel consacrés au dessin comme un art autonome.
Plusieurs artistes connus de l’histoire de l’art ont eu recours à l’esquisse afin de réaliser des œuvres plus évoluées. Il n’est pas rare aujourd’hui que les différentes versions des œuvres soient exposées afin de nous faire découvrir tout le cheminement nécessaire à l’idéation.
Sources consultées
« Dessin », [En ligne], Wikipédia, 8 avril 2021. [http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Dessin&oldid=181681173].
Consignes
Explore le travail de ces artistes afin de mieux visualiser le processus d’idéation à travers le cheminement de l’esquisse bidimensionnelle et tridimensionnelle.
Henri Matisse et la danse
D’abord commandé pour sa résidence par Sergueï Chtchoukin, un grand collectionneur russe magnat du textile, le tableau La danse existe en deux versions : l’une exécutée en tant que dessin à l’aide de fusain et l’autre réalisé en peinture. La version de Grenoble dessinée au fusain se rapproche visuellement des deux versions peintes exécutées en 1909 (The Museum of Modern Art, New York) et en 1910 (Musée de l’Ermitage, Saint-Pétersbourg). Au départ, ce dessin fut initialement considéré comme une étude préparatoire à la première version du tableau, puis à la seconde peinture. Par la suite, une hypothèse propose que le dessin ait sans doute été réalisé en définitive après les deux peintures. Ainsi, l’artiste s’est approprié le motif des deux toiles une fois de plus grâce à la technique du dessin et a pu l’interpréter de manière différente.
Sources consultées
(X) MUSÉE DE GRENOBLE, « La Danse, Henri Matisse vers 1910 », [En ligne], [https://www.museedegrenoble.fr/oeuvre/1596/1922-la-danse.htm]
Cherche les œuvres suivantes de Henri Matisse afin de voir les différents traitements du dessin et de la peinture finale.
Rodin et les multiples versions de ses sculptures
Rodin était un artiste entrepreneur, ce qui veut dire qu’il ne réalisait que le travail de conception des œuvres en dessin et, le plus souvent, en modelage d’argile. Il avait à son service une armée de techniciens qui réalisaient le travail de moulage des formes ou des sculptures, les agrandissements et la taille directe sur marbre. Il n’est donc pas rare de voir dans l’atelier de Rodin plusieurs versions d’une même œuvre à des échelles différentes, parfois avec des retouches de l’artiste réalisées avec de l’argile sur un des moulages provisoires de plâtre. Le sujet du sommeil a été abordé par Rodin en différents matériaux : terre cuite, plâtre et marbre. Trois versions réalisées entre 1889 et 1894 avec reprise en marbre entre 1911 et 1913.
Cherche les titres suivants pour découvrir différentes versions des esquisses par rapport à l’œuvre terminée en marbre.
Pablo Picasso, maître de l’esquisse
L’œuvre très connue intitulée Les demoiselles d’Avignon est considérée comme l’un des premiers tableaux réalisés dans l’esprit cubiste. Une anecdote intéressante révèle que, pour exécuter ce tableau, Picasso aurait réalisé au préalable plus de 700 dessins d’esquisses et d’études avant sa réalisation finale. Cela nous fait comprendre que le cheminement de recherche de l’esquisse est essentiel. C’est en effet une information surprenante et plusieurs penseront à tort que ce tableau est le fruit d’une unique improvisation. Pourtant, c’est tout à fait l’inverse. Une des esquisses montre deux hommes, un étudiant et un médecin qui auront été éliminés de la composition dans l’œuvre finale.
Cherche d’abord le tableau original pour ensuite découvrir quelques-unes des esquisses qui ont été dessinées pour la réalisation finale de ce tableau.