La carte heuristique se définit d’abord en tant que moyen d’organiser ses idées sur un sujet connu. On la connaît d’habitude sous l’appellation de la carte mentale ou, en anglais, « mind mapping ». C’est un outil de créativité qui aide à faire le point sur les associations possibles dans le processus de recherche d’idées. Elle peut être utilisée pour organiser les informations, générer des idées et faire des connexions.
On attribue la paternité du terme « mind mapping » au psychologue Tony Buzan qui aurait imaginé cette méthode en tant que diagramme qui établit des connexions entre les idées et qui structure celles-ci par ordre d’importance.
Le principe de la carte mentale réside dans la disposition des idées sous la forme d’un rayonnement à partir d’un concept désigné comme point central. Concrètement, la carte mentale se dessine comme la structure d’un tronc d’arbre figurant le concept de départ d’où se propagent les ramifications des idées comme des branches, sur lesquelles se développent les feuilles qui représentent les idées secondaires. En se déployant dans un espace physique animé de ramifications organiques, la carte heuristique permet de visualiser l’ensemble des concepts et même de développer d’autres liens qui n’auraient pas été apparents dans une liste ordonnée. C’est un processus qui implique les deux parties du cerveau : le gauche associé à la logique et le droit associé à l’intuition et l’imagination.
Ce processus créatif aide à organiser sa pensée grâce à une vision globale de toutes les avenues d’exploration d’idées que le concept peut emprunter. Il permet d’envisager un éventail de possibilités, encourageant ainsi la réflexion hors des sentiers battus. Il permet d’interroger le sujet en explorant des solutions aux confins de l’imaginaire.
La carte heuristique peut prendre plusieurs formes. Elle peut ressembler à un arbre, une toile d’araignée, une pieuvre avec des tentacules ou une explosion de pensées sur papier. Elle peut être réalisée à l’aide de mots-clés ou de phrases courtes, tout comme elle peut être dessinée ou réalisée avec des collages d’images. L’important est qu’elle documente un éventail d’idées et de possibilités liées à un thème. Il existe une panoplie de logiciels et d’applications qui permettent de créer des cartes mentales numériques. Certaines cartes mentales sont parfois si intéressantes visuellement qu’elles deviennent des œuvres à part entière.
Une carte heuristique permet de voir un tableau global tout en mettant en place plusieurs éléments, et ce, dans diverses directions, ce qui augmente la possibilité d’établir des connexions et de mieux repérer les répétitions ou les associations. C’est donc un outil à privilégier au début du processus de création.
COMMENT RÉALISER UNE CARTE HEURISTIQUE?
La première étape est de déterminer le thème, le concept ou l’idée à explorer. C’est donc une excellente idée de débuter par un exercice de remue-méninges pour identifier les quelques idées d’une liste qui sont les plus pertinentes.
- Le concept ou le thème principal devrait se trouver au centre du diagramme.
- Les idées découlant de celui-ci seront disposées autour.
- Le déploiement doit se faire du centre vers l’extérieur.
- Au fur et à mesure de l’avancement de la carte, de nouvelles idées devraient apparaître. Il est alors possible de faire des liens entre des idées (ces liens ne sont pas obligatoirement du centre vers l’extérieur, mais peuvent être des éléments disparates dans l’organisation). L’avantage de la carte heuristique est de pouvoir travailler simultanément dans de nombreuses directions, tout en gardant une vision globale du projet.
Exemple de cartes heuristique créatives
Astuces
C’est important de laisser libre cours à l’imagination sans jugement.
Il est permis et même souhaité de s’amuser lors de la création d’une carte mentale.
Si les idées viennent difficilement, il est possible de relancer le processus en cherchant des synonymes, des associations, des symboles ou même des définitions. On peut également se poser des questions : Où? Quand? Pourquoi? Comment? Combien?
Lorsque le processus est assez avancé, la carte heuristique peut aider à faire des « sauts créatifs » entre les ramifications et à faire des associations ou des connexions entre des choses qui n’avaient aucun rapport entre elles auparavant.
Prendre un peu de recul peut aider à mieux voir les liens ou à faire naître d’autres idées.
Avant de conclure l’exercice, il faudra :
- S’assurer que la carte couvre tous les points importants;
- Tenter de compléter tous les champs exploratoires que peut couvrir l’idée principale (plus la carte est détaillée, plus elle devient utile pour visualiser les idées).
Bien que la carte mentale soit un processus faisant appel à la créativité, il faudrait toutefois garder une certaine clarté dans le processus afin de pouvoir se relire au besoin et se faire comprendre d’autres membres de l’équipe et/ou de l’enseignant ou l’enseignante.
Sources consultées
(X) GALE, Amiria. How to Make a Mind Map: Creative Examples for High School Art Students, dans Student art guide, [En ligne], 2017, mis à jour le 2 avril 2023. [https://www.studentartguide.com/articles/how-to-make-a-mindmap-creative-ideas]
(X) NIELSEN, Dorte et Sarah Thurber. Les secrets de la pensée créative. Pologne, Éditions Pyramid, 2017. 192 p.
(X) CHERCHER POUR TROUVER, Plus d’explications pour la carte mentale, [Blogue], 5 janvier 2010, [https://www.ebsi.umontreal.ca/jetrouve/projet/cartes_m/mental_1.htm].
Un peu d’histoire …
Le néo-expressionnisme est un mouvement artistique principalement pictural, qui a émergé vers la fin des années 1970 et qui a dominé le marché de l’art en Europe et aux États-Unis au début et au milieu des années 1980. Caractérisé par une grande diversité de styles et d’artistes, le néo-expressionnisme se compose d’un ensemble varié de jeunes artistes qui sont revenus à la figuration et à la représentation du corps humain et d’autres objets reconnaissables, en réaction à la production intellectualisée d’art abstrait.
Les néo-expressionnistes reviennent à la peinture figurative en adoptant un style vivement émotif et une iconographie volontairement provocatrice. Les artistes de cette période cherchent à renouer avec la gestualité de la peinture et une expression plus instinctive. Malgré qu’on ait voulu regrouper ces différents artistes sous la bannière du néo-expressionnisme, les styles sont toutefois si variés qu’il est difficile de définir clairement cette tendance, car la revendication d’une peinture libre par rapport aux traditions de l’art en fait une sorte de peinture unique.
Tout aussi diversifiées que les styles, les appellations selon les régions géographiques du globe ont beaucoup varié. En Amérique, le néo-expressionnisme a été désigné sous les noms « bad painting » et « new image painting ». De l’autre côté de l’atlantique, en France, on l’appelait « figuration libre ». Il était connu en Allemagne, sous le nom de « neue wilden » (néo -fauves »); tandis qu’en Italie, il s’appelait « transavantguardia » (trans-avant-garde).
À New York des artistes associés au néo-expressionnisme et à l’art urbain dans les années 1980 ont réalisé des œuvres qui peuvent être associées visuellement et conceptuellement à des cartes mentales. Leurs œuvres foisonnent ainsi d’informations, d’images, de techniques, de formes et même de messages écrits. Comme pour la création d’une carte heuristique, tous les éléments des œuvres se trouvent reliés entre eux par un point unificateur ou central, soit la couleur vive, des tracés de réseaux linéaires et réunificateurs, ou encore par le message qu’ils transmettent par leurs symboles et iconographies.
Sources consultées
(X) « Neo-expressionism, art movement », [En ligne], dans Britannica, [https://www.britannica.com/art/Neo-Expressionism].
(X) « Néo-expressionnisme », [En ligne], Wikipédia, 24 février 2022, 3 h 1. [http ://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=N%C3%A9o-expressionnisme&oldid=191361279].
(X) COLLINS, Neil. « Le néo-expressionnisme : définition, caractéristiques, histoire », [En ligne], dans Encyclopédie Gallerix, [https://fr.gallerix.ru/pedia/history-of-art–neo-expressionism/].
Les peintures codes de Jean-Michel Basquiat
Les œuvres de Jean-Michel Basquiat sont souvent comparées à des graffitis parce qu’elles regroupent une multitude d’éléments disparates utilisant un éventail impressionnant de références à la culture populaire, l’histoire de l’art, la musique, l’anatomie, la poésie.
À mon avis, ses œuvres ressemblent beaucoup au processus créatif utilisé pour réaliser une carte heuristique. En effet, lorsqu’il peint, cet artiste pouvait travailler sur plusieurs toiles simultanément en ayant une douzaine de livres de référence ouverts, tandis que la musique et la télévision diffusaient sons et images à pleins volumes. Ces œuvres témoignent bien de ce foisonnement créatif qu’inspirent tous ces stimulus qui environnent M. Basquiat et lui permettent de créer une forme de juxtaposition visuelle ancrée dans un riche vocabulaire artistique.
Dans son travail, il fusionne les mots, le texte et les images instinctivement tandis que la couleur vive devient l’élément qui unit la composition. Il utilise une panoplie de matériaux comme les bâtons de peinture à l’huile, l’acrylique et la peinture en aérosol, qui lui permettent de superposer rapidement des couleurs non diluées. Les diverses lignes constamment redessinées en tant que repentir et les mots biffés contribuent à attirer l’œil sur ces éléments du tableau. Bref, ses tableaux relatent une imagerie puissante non censurée qui semble réunir plusieurs éléments à la manière de cartes heuristiques géantes qui sont un témoignage de sa vision de la société contemporaine.
Sources consultées
(X GREAT ART EXPLAINED. Jean-Michel Basquiat’: Great Art Explained, [Vidéo en ligne], 22 janvier 2021, Repéré au www.youtube.com/watch?v=lHePKNTRmdI.
Recherche les œuvres suivantes de Keith Haring
Un peu comme Jean-Michel Basquiat, Keith Haring, s’est d’abord fait connaître par ses dessins improvisés dans les métros, dont l’imagerie est issue de la culture du graffiti de New York dans les années 1980. Les icônes à caractère populaire qu’il utilise dans son imagerie sont devenues son identité visuelle. Il reproduit dans la plupart de ses œuvres des silhouettes de personnages, de chiens et d’autres images stylisées à la craie sur fond uni dans l’espace public. Plusieurs de ses tableaux contiennent des symboles animés qui traduisent un activisme social en utilisant les images pour plaider en faveur de la sexualité sans risque et de la sensibilisation aux thèmes politiques et sociétaux : anti-crack, anti-apartheid, sexe sans risque, homosexualité et sida. L’artiste s’est longtemps battu pour faire reconnaître et accepter l’art du graffiti dans l’espace public. Après avoir obtenu une certaine reconnaissance, il a réalisé, entre 1982 et 1989, plus de 50 œuvres publiques à grande échelle dans des lieux comme des hôpitaux, des écoles et murs bordant les autoroutes. Il est malheureusement mort du sida en 1994. Ses œuvres se déploient dans l’espace pictural comme un réseau linéaire complexe qui rappelle la structure des cartes mentales.
Sources consultées
(X) « Keith Haring », [En ligne], Wikipédia, 11 octobre 2023, 6 h 27. [https://en.wikipedia.org/wiki/Keith_Haring].
(X) THE KEITH HARING FOUNDATION. About Haring, [En ligne], [https://www.haring.com/!/about-haring/bio]