La métaphore visuelle

Dans la littérature, l’on utilisera des figures de style afin de produire une métaphore. La figure de style étant une méthode d’écriture permettant d’exprimer une idée à l’aide d’une image mentale. Par exemple, lorsqu’on utilise l’expression : « dévorer des yeux ». Pris au sens littéral, le mot « dévorer » implique l’action de manger avec avidité. Ainsi, le fait d’associer le mot « dévorer avec le mot « yeux », permet de donner une tout autre signification beaucoup plus imagée au concept du regard.

La métaphore visuelle se définit concrètement comme une forme de figure de style qui utilise des images pour transmettre un concept abstrait. Par exemple une image de cœur pour symboliser l’amour. Dans les arts visuels, la métaphore se définit tout d’abord par une combinaison de symboles ou d’éléments visuels pour créer une analogie qui permet par leurs associations de communiquer des significations plus profondes, donner un sens plus poétique à l’œuvre. La métaphore visuelle permet aux artistes d’explorer des concepts complexes et de créer des couches de sens supplémentaires au-delà de ce qui est littéralement représenté. Ainsi, l’assemblage d’éléments symboliques permettra d’évoquer un sens de lecture de l’œuvre plus profond chez le public.

Une œuvre sculpturale que j’ai réalisée pourrait être un exemple concret d’une métaphore visuelle par le résultat de la juxtaposition d’un corps féminin à celui d’un arbre tel que le saule pleureur. Dans cette sculpture, le dos du personnage est orné de deux branches de saule pleureur défoliées qui se déploient dans l’espace comme des ailes. Tandis qu’un tronc d’arbre configure une jupe dont les plis du vêtement se dessinent par la forme ondulante montrant la naissance des racines. Ainsi, l’émotion qui ressortira de cette association sera exacerbée et proposera une solitude ou une tristesse beaucoup plus intense que si le personnage avait été représenté de manière réaliste sans l’avoir juxtaposé à cet arbre spécifique. En conséquence, l’utilisation de la métaphore dans les arts visuels permet d’atteindre un niveau de lecture de l’œuvre beaucoup plus poétique et évocateur.

La métaphore visuelle est cependant une des réalisations artistiques les plus difficiles à intégrer. Pour réaliser ce tour de force, il faut absolument dépasser le premier niveau; celui du sens littéral afin d’atteindre une poésie visuelle. Ainsi, il est important de revisiter le concept d’une œuvre, à l’aide les techniques de la créativité pour améliorer la première idée. Le concassage (inverser, éliminer, modifier, recadrer) est une approche efficace qui permet d’interroger la validité du concept afin d’amener celui-ci à un niveau supérieur. Il faut aussi garder en tête que si le lien d’association est trop difficile à comprendre pour le public, le concept de la métaphore tombera dans l’abstraction.

Quoique l’on trouve beaucoup d’exemples de métaphores visuelles dans l’art actuel, il est cependant plus rare d’atteindre ce but dans les œuvres abstraites. Malgré tout, des associations, formes, couleurs et textures permettent aussi au public d’accéder à une forme de poésie visuelle.

Un peu d’histoire…

Aux prémices de l’humanité, les hommes ont dessiné, pour communiquer, pour raconter, ils se sont servi d’images, et ce bien avant l’invention de l’écriture! Ainsi les mythologies du monde se sont d’abord développées par l’image ou même la métaphore visuelle. Très souvent les humains ont utilisé des associations de concepts imagés afin d’expliquer sans la connaissance de la science ou de l’écriture, des phénomènes comme la nuit, le tonnerre et tout autre type de cataclysme. L’homme s’exprimait par et avec les images de son répertoire connu et lorsqu’il manquait d’options, il combinait des concepts imagés créant ainsi des sortes de métaphores visuelles. Les autochtones de la Côte-Nord du Québec vont par exemple décrire la barbe des colonisateurs venus d’Europe comme : « les cheveux du visage » ou encore décrire leurs grands navires munis de grands mâts à voilure comme des « îles flottantes avec des épinettes sur lesquelles sont accrochés des nuages ».

Aussi, plusieurs mythologies antiques sont fondées sur des métaphores visuelles. Par exemple chez les Égyptiens, l’on verra la déesse du ciel « Nout » représentée par un corps de femme arqué au-dessus de la terre, dont les mains et les pieds reposent sur l’horizon. Son corps décoré d’étoiles était la plupart du temps, dessiné de côté et symbolisait la voûte céleste. Le récit attribuait à la déesse la responsabilité d’avaler et de faire renaître les astres chaque jour. L’histoire de l’art en général regorge de métaphores visuelles, l’un des groupes d’artistes qui aura été le plus prolifique à ce sujet est bien le surréalisme.

Les surréalistes et la métaphore visuelle

Le surréalisme s’épanouit à Paris, au début des années 1920. Les artistes de ce mouvement utiliseront souvent une approche plastique qui est basée sur le hasard, afin d’accéder au monde de l’inconscient. Certains d’entre eux comme Max Ernst, André Masson et Mirò, expérimenteront des modes d’expressions dits automatiques (non contrôlé par la raison ou par le geste créateur prémédité), comme le grattage, le frottage, le collage… Un autre groupe de surréalistes tels que René Magritte, Salvador Dali, s’inspireront davantage des recherches sur l’inconscient de Sigmund Freud en psychanalyse, et exploiteront plutôt des associations d’éléments inattendus qui n’ont pas de lien entre eux afin de proposer un monde improbable et métaphorique.  

Recherche les œuvres suivantes et la symbolique du tableau afin de comprendre la métaphore. Prends soin de bien mettre le nom de l’artiste et le titre de l’œuvre dans ta recherche Internet :

Exercice de réflexion 

Questions possibles à développer par les étudiants et étudiantes lors de leur recherche ou en retour en grand groupe : Selon toi, comment l’association d’éléments dans ces œuvres peut-elle créer une symbolique particulière? À chaque œuvre, nomme d’abord les constituants séparément, puis traduis en quelques mots le sens métaphorique de cette association imagée. 

Objectifs standards visées