Exercice 1 : L’association à partir d’un objet

Utiliser des objets qui semblent n’avoir aucun lien entre eux, puis essayer de les associer de manière créative pour imaginer une nouvelle idée. L’exercice peut être amorcé par une mise en commun d’objets personnels que les étudiants apporteront. Une autre option est de visiter un marché aux puces, un centre de recyclage ou un brocanteur local. Enfin, l’exercice peut tout aussi bien être fait à partir d’une série d’images ou de photographie.

Combiner deux objets : Il s’agit de l’exercice le plus simple qui consiste à prendre un premier objet et de l’associer à d’autres objets qui ne possèdent pas de lien entre eux et d’essayer d’imaginer une nouvelle utilité, fonction, forme…

Prenez le premier objet, un marteau :

  • Un marteau + une chaussure
  • Un marteau + une lampe
  • Un marteau + un parapluie
  • Un marteau + une poupée
  • Un marteau + un chapeau

Prenez un moment pour examiner chaque objet individuellement. Observez leurs caractéristiques physiques, leurs fonctions et leurs utilisations habituelles. Réfléchissez à ce que chaque objet représente pour vous.

Répétez l’exercice avec différentes paires d’objets choisis au hasard. Explorez différentes combinaisons et laissez votre imagination s’exprimer.

Ensuite, essayez de trouver un lien inattendu ou une association entre ces deux objets. Pensez à des similitudes cachées, des relations conceptuelles ou des associations symboliques.

Par exemple :

  • À partir d’une association du marteau et de la poupée, on remplacera les bras ou la tête avec le marteau et l’on obtiendra peut-être la symbolique d’un personnage avec une force de caractère.
  • Pour aller plus loin, il est possible de documenter cette bissociation en prenant une photographie ou en créant un dessin qui représente les deux objets ensemble d’une manière surprenante ou inhabituelle.

Un peu d’histoire…encore

René Magritte est un artiste du surréalisme qui interroge le rapport des mots avec les objets. Il utilise des associations bissociatives pour provoquer des réflexions nouvelles et stimuler l’imagination du public. Son travail invite à remettre en question les associations et les significations conventionnelles, créant ainsi des connexions surprenantes et ouvrant la voie à de nouvelles idées et interprétations avec les mots, avec les images. Magritte dira : « Il faut que la peinture serve à autre chose qu’à la peinture ». Dans plusieurs de ses tableaux, l’artiste combine des éléments inattendus pour créer une image énigmatique et poétique. Par exemple, il associe une clé, qui est un objet concret, à une représentation d’un oiseau en vol, qui est un symbole plus abstrait. Cette association surprenante suscite une réflexion sur les liens entre les objets, les idées et les significations. Magritte invite le public à interpréter cette association de manière personnelle, ouvrant ainsi des possibilités d’interprétation multiples et créatives.

Explore les œuvres suivantes de l’artiste pour découvrir des applications de la technique en prenant soin de bien mettre le nom de l’artiste et de l’œuvre au complet dans ta recherche :

« Comment peindre un verre d’eau d’une manière qui ne soit ni indifférente ni fantaisiste, mais comme qui dirait avec génie? J’ai alors pensé que Hegel (un autre génie) aurait été très sensible à cet objet qui a deux fonctions opposées en même temps : rejeter l’eau (s’en protéger) et la garder (la contenir). Il aurait été ravi, je pense, ou amusé (comme on cherche à l’être lorsqu’on est en vacances) et j’ai appelé le tableau Les Vacances de Hegel. »

 – René Magritte

Source consultée

ART SHORTLIST, Focus sur une œuvre : la Trahison des images de René Magritte, 2020. [https://artshortlist.com/fr/journal/article/trahison-des-images-magritte].

Alfred Pellan,
Pour panne d'électricité, 1974
Soulier en cuir, plâtre, chandelle en cire, métal, contreplaqué et peinture, 17,7 x 29,3 x 15 cm
Alfred Pellan,
Pour panne d’électricité, 1974
Soulier en cuir, plâtre, chandelle en cire, métal, contreplaqué et peinture, 17,7 x 29,3 x 15 cm
MNBAQ, legs Madeleine Poliseno Pelland
(2011.469)
© Succession Alfred Pellan / CARCC Ottawa 2024
(1996.96)
Photo: MNBAQ, Idra Labrie

Alfred Pellan est l’un des premiers peintres québécois à être reconnu à Paris dans les années 1940. Ses œuvres d’un style très personnel sont empreintes de certaines caractéristiques empruntées au cubisme et au surréalisme, mais se distinguent néanmoins par une virtuosité du dessin et une maîtrise singulière des couleurs. Cet artiste s’est davantage démarqué par son œuvre picturale, toutefois quelques-unes de ces recherches artistiques illustrent très bien les concepts de l’association créative d’une manière humoristique.

« Souliers d’artistes » est une série imaginée par Alfred Pellan dans le cadre d’une exposition en 1974 à la galerie de la Société des artistes professionnels du Québec. À l’occasion, les organisateurs demandent aux membres d’envoyer une paire de souliers usagés reflétant leur personnalité. Vingt-sept souliers différents seront alors réalisés par l’artiste. Grâce à son imagination, des chaussures et des patins se transforment de manière inattendue, adoptant des extensions telles qu’un pinceau, des clous, un phallus, des ventouses ou même une lame de faucille. Ces métamorphoses deviennent autant de commentaires incisifs sur notre vie quotidienne. En plus de ces chaussures mémorables, Alfred Pellan constitue une collection d’objets énigmatiques qui proviennent d’assemblages d’éléments prélevés dans son quotidien.

Source consultée

– MNBAQ, Les souliers extraordinaires d’Alfred Pellan, [https ://collections.mnbaq.org/fr/album/2517].

Explore les œuvres suivantes de l’artiste pour découvrir des applications de la technique 

Exercice 2 : Hybridation d’éléments

L’hybridation d’éléments consiste à rechercher des compositions visuelles en agençant des éléments d’objets ou de formes différentes pour former de nouvelles entités hybrides. Par exemple, il est possible de fusionner des parties d’animaux avec des éléments architecturaux, des objets du quotidien avec des formes organiques, ou des symboles culturels avec des motifs abstraits, etc. Il est possible de trouver des parallèles ou des analogies entre certains éléments de la mythologie et les principes de la bissociation, comme la combinaison de différentes caractéristiques ou concepts dans la création de figures mythiques. Les hamadryades qui étaient des êtres hybrides déesses protectrices de la forêt se présentaient sous la forme d’arbres humains, tandis que les sirènes et les centaures sont des êtres hybrides fusionnants l’humain et l’animal.

Édith Croft, La confidente, 2009, exposition permanente, locaux administratifs du Cégep de Rivière-du-Loup
Matériaux : bois de grève et résine de polyester, patine à l’huile
Dimensions : hauteur de 150 cm, largeur de 100 cm, épaisseur de 100 cm
Édith Croft, La confidente, 2009, exposition permanente, locaux administratifs du Cégep de Rivière-du-Loup
Matériaux : bois de grève et résine de polyester, patine à l’huile
Dimensions : hauteur de 150 cm, largeur de 100 cm, épaisseur de 100 cm

Explication : L’œuvre intitulée « La confidente » est conçue dans la forme d’une chaise munie de mains et d’une tête afin de proposer une forme accueillante au public. La sculpture est formée à l’aide de bois de grève qui propose un lien surréaliste entre la forme humaine et la nature. Le buste et les mains y sont intégrés de manière à fusionner avec le matériau. Les accoudoirs se terminent par de grosses mains dont la position est inversée afin de pouvoir offrir le geste encore plus réconfortant. La tête est positionnée sur le dossier à la manière d’une muse qui nous offre, lorsqu’on s’y assoit, une oreille attentive à nos confidences. « La confidente » est née du désir de créer une sculpture réconfortante, en clin d’œil à l’œuvre de l’artiste Cozic, intitulée : « Surface qui vous prend dans ses bras, 1972 ». La bissociation, ici, provient du fait qu’une chaise a été fusionnée avec des parties de corps humain afin de créer l’hybridation d’éléments distincts qui proposent un troisième concept du réconfort et de la confidence.

Exercice 3 : Mise en contexte inattendue

Proposez aux artistes de placer des objets ou des éléments d’art dans des contextes inattendus ou inappropriés. Par exemple, ils pourraient intégrer des objets du quotidien dans des paysages naturels, des éléments abstraits dans des scènes réalistes, ou des symboles culturels dans des contextes politiques ou sociaux. Cela permet d’explorer les résonances et les significations nouvelles qui émergent de ces juxtapositions inattendues.

  • Brian Jungen, Cetology, 2002, chaises en plastique, 404 x 422 x 1491 cm, vue d’installation, Art Gallery of Alberta, Edmonton, Alberta, 2011 (Trevor Mills/Vancouver Art Gallery).
  • Brian Jungen, Vienne, 2003, chaises en plastique polypropylène blanc, 125 x 850 x 130 cm, acheté en 2004 avec le Fonds Joy Thomson pour l’acquisition d’œuvres d’art de jeunes artistes canadiens, Fondation du Musée des beaux-arts du Canada. MBAC, photo 2002 avec l’autorisation de la Vancouver Art Gallery/photo Art Gallery of Alberta.

Explication : Au premier regard, l’œuvre de l’artiste canadien Brian Jungen nous apparaît comme un immense squelette d’un mammifère marin. Dans un deuxième temps, nous découvrons que cette imposante structure est réalisée à l’aide de mobilier de jardin tel que des chaises en plastique. L’artiste recontextualise ici un squelette de baleine en utilisant pour figurer la structure, une matière première qui provient de l’extraction des combustibles de fossiles. Par cet assemblage bissociatif de l’objet du quotidien, il encourage le public à faire des liens entre le pillage de la ressource naturelle et la pollution qu’elle engendre dans l’écosystème marin. Il cherche à provoquer chez l’observateur de l’œuvre, un phénomène d’attirance et de répulsion à la fois. Par la magnificence et l’horreur qui sont toutes deux présentes dans cette œuvre monumentale.

Source consultée

ZIMONJIC, Peter, Vienne, De Brian Jungen, À Winnipeg, Musée des beaux-arts du Canada, 2014. [https://www.beaux-arts.ca/magazine/expositions/vienne-de-brian-jungen-a-winnipeg].

« Je fais des expériences jusqu’à ce que je trouve une façon de les manipuler [les matériaux sources] ou de tirer profit de leur iconographie, sans les transformer complètement. J’aime le fait qu’on puisse toujours reconnaître le matériau d’origine. » 

– Brian Jungen

Brian Jungen est un artiste de la Colombie-Britannique dont les origines autochtones proviennent de sa mère membre de la nation Dane-zaa. Dans la période 1998-2005, Brian Jungen est connu pour ses installations et sculptures qui mêlent des objets de la culture de consommation contemporaine avec des éléments issus de la culture autochtone. Il se démarque sur la scène artistique pour sa série de Prototypes pour une nouvelle compréhension (Prototypes for New Understanding). Ses sculptures sont réalisées par le démantèlement d’équipement de sport de marques renommées telles que Nike, Air Jordan qu’il réassemble pour leur donner l’apparence de masques des Autochtones de la côte du Nord-Ouest. Il utilise les équipements sportifs afin d’attirer l’attention sur le fait que plusieurs noms d’équipes sportives ont été calqués sur des terminologies autochtones, comme les noms des équipes, les Chiefs, les Indiens, les Redskins et les Braves.

Cette combinaison inattendue de matériaux contemporains et de formes traditionnelles remet en question les stéréotypes culturels et propose une nouvelle perspective sur la fusion des identités et des cultures.

Brian Jungen, Cetology, 2002, de gauche à droite, 1980, 1970, 1960 (2007). Polyester, métal, bois peint sur papier sonotube, 396 x 122 x 91 cm chacun. Avec l’aimable autorisation de l’artiste. Collection du Musée des beaux-arts de l’Ontario. Achetée avec l’aide du David Yuile and Mary Elizabeth Hodgson Fund, 2007; Don promis par Rosamond Ivey; Don de Michael et Sonja Koerner, 2018, Toronto. © Brian Jungen. Photo : Sean Weaver/Galerie d’art de l’Ontario. Source de l’image : https://ago.ca/agoinsider/reimagining-totem

Explication : Surnommées par hasard « tube stacks » par Brian Jungen, les cinq œuvres intitulées 1960, 1970, 1980, 1990, 2000 sont constituées de sacs de golf empilés autour d’un grand tube en carton pour prendre la forme physique de totems originellement sculptés par les peuples des Premières Nations du nord-ouest du Pacifique.

Ces œuvres ont été inspirées par une constatation que Brian Jungen a fait à propos de l’utilisation des sols à Vancouver. Alors qu’il vivait et travaillait dans cette ville, il a remarqué que plusieurs communautés indigènes avaient conclu des accords de location de terres, permettant à des promoteurs de construire des terrains de golf sur ce qui était autrefois des terres tribales.

Sources consultées

ZIMONJIC, Peter, Vienne, De Brian Jungen, À Winnipeg, Musée des beaux-arts du Canada, 2014. [https://www.beaux-arts.ca/magazine/expositions/vienne-de-brian-jungen-a-winnipeg].

AGOinsider. Brian Jungen, Reimagining the totem, 2019. [https://ago.ca/agoinsider/reimagining-totem].

Explore le travail de sculpture de Brian Jungen