La photographie peut être utilisée pour la captation d’une mise en scène exécutée volontairement en fonction de la prise de vue… dans ce sens, elle devient le moyen d’enregistrer l’image préméditée et orchestrée comme une mise en scène théâtrale.
Il arrive cependant que la mise en scène soit accidentelle. Elle peut simplement résulter d’une capacité aiguisée de faire des liens par l’observation. Être au bon endroit au bon moment pour capter l’image est quelque chose de très difficile lorsque l’on débute en photographie. Il faut être à l’affût avec l’appareil photo afin de capter, dans l’instant, la coïncidence de juxtaposition d’éléments visuels. Néanmoins, cette dernière technique peut aussi être aidée de la mise en scène en disposant les sujets à photographier au bon endroit afin de créer une illusion photographique. La manipulation à l’aide de logiciel peut aussi accompagner ce genre de coïncidence visuelle par la modification de l’échelle, la superposition de calques ou par le collage d’éléments visuels.
Pistes de solutions à explorer
À partir de ces connaissances et des recherches sur les artistes suggérées, comment pourrais-tu réussir à mettre en scène des objets dans un environnement insolite afin d’en pervertir le sens de lecture?
Explore le travail de Chema Madoz
Chema Madoz (José Maria Rodríguez Madoz) est un photographe espagnol contemporain né en 1958. Son travail est caractérisé par une approche conceptuelle et métaphorique, où il transforme des objets du quotidien en compositions visuellement intrigantes. Le noir et blanc est sa technique de prédilection pour créer des images poétiques et souvent surréalistes, explorant les contrastes, les illusions d’optique et les jeux visuels. Son travail artistique unique ainsi qu’une maîtrise technique remarquable lui ont valu une reconnaissance internationale. Chema Madoz explore les frontières du surréalisme et de l’allégorie à travers son expression graphique. En combinant des objets du quotidien détournés, il suscite des réflexions sociétales, des éveils poétiques et des regards décalés. La dimension paradoxale de ses compositions visuelles est un élément essentiel de sa démarche artistique.
Sources consultées
(X) « Chema Madoz », [En ligne], dans Wikipédia, [http ://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Chema_Madoz&oldid=186973026] (Consulté le 8 octobre 2021 à 5 h 24).
(X) Site personnel de l’artiste, http://www.chemamadoz.com/
Exercice de recherche d’images
Peux-tu décrire comment la perversion de l’objet se manifeste dans les œuvres que tu vas découvrir? Quels sont les éléments, les sujets, les associations visuelles, les symboles qui donnent à l’objet ou au sujet un sens de lecture insolite?
Question : Après avoir exploré le travail de cet artiste, en utilisant des techniques de mise en scène photographique ou de montage numérique, comment pourrais-tu créer des compositions qui invitent le public à faire des connexions inattendues entre des éléments visuels distincts? Comment pourrais-tu exploiter le détournement des fonctions initiales des objets ou sujets utilisés dans tes compositions d’éléments allégoriques, surréalistes ou incongrus?
Le plan photographique perverti par la sculpture
La photographie peut être utilisée comme matériau de reconstruction spatiale signifiant. En ce sens, elle n’est pas contrainte au support 2D habituel. Elle peut être pervertie afin de proposer un autre univers. Elle peut être explosée, déchirée, chiffonnée, découpée, assemblée pour devenir un objet signifiant. Par exemple, une photographie de paysage, une fois découpée et réassemblée en plusieurs plans distincts, deviendra une forme de mise en abîme. Un paysage dans un paysage, dans un paysage…
Explore le travail d’Alain Paiement et sa série photographie 3D
Vues d’installation, épreuves à la gélatine argentique sur bois et structure en acier
Photos : Denis Farley
La sculpture intitulée « Dead on Time » d’Alain Paiement constitue une fusion d’une démarche sculpturale et photographique, se présentant sous la forme d’une sphère à facettes angulaires. À l’extérieur, elle ressemble à une capsule métallique aux contours géométriques, recouverts de photographies prises à intervalles réguliers à l’intérieur de la tour de l’Horloge à Montréal, capturant ainsi les moments allant de l’aube au crépuscule. La progression graduelle de la pixellisation de ces images numérisées, altérées et privées progressivement de leur définition, crée un processus sans fin qui exprime l’idée d’infini. Parallèlement, « Dead on Time » fait référence à une période de temps précise (une journée entière) tout en évoquant un temps suspendu, symbolisé par l’absence d’aiguilles sur le cadran reproduit dans les photographies.
Alain Paiement, Dead on Time, 1990-1992
Photos : Alain Paiement
Dead on Time, 1990-1992
Épreuves argentiques sur structure de bois, contreplaqué et aluminium
220 x 330 x 440 cm
Collection Musée d’art contemporain de Montréal
Photo : Richard-Max Tremblay
Dans le travail d’Alain Paiement, la notion de prévention de l’objet est illustrée en deux temps. Celui de déconstruire l’objet par la multiplication des plans photographique, et celui de désacraliser la notion de support 2D habituellement utilisé en photographie.
Sources consultées
(X) ESPACE ART ACTUEL, Dictionnaire de la sculpture québécoise au XXe siècle, Alain Paiement. https://dictionnaire.espaceartactuel.com/artistes/paiement-alain-1960/
(X) MUSÉE D’ART CONTEMPORAIN, Alain Paiement, Dead on time, 2021. [https://macm.org/collections/oeuvre/dead-on-time/].
(X) Site personnel de l’artiste, http://www.alainpaiement.com/
Exercice de recherche d’images
Question : Après avoir exploré le travail de cet artiste, comment pourrais-tu pervertir le mode habituel d’impression ou de présentation de la photographie afin de créer un autre univers signifiant?