La peinture

L’objet intégré à l’environnement de la peinture est une forme de perversion ou désacralisation de la définition même de l’œuvre peinte. Dans l’art pictural, on s’attend davantage à une reproduction bidimensionnelle d’un objet, d’un sujet ou d’un paysage. Pendant longtemps, la peinture a été considérée comme une fenêtre picturale. Qu’en est-il alors, lorsqu’un objet a été intégré à la peinture afin d’en détourner le sens de lecture? Qu’en est-il aussi de la notion de perforer la surface de la toile afin d’y inscrire un espace secondaire? Par exemple, d’aménager un autre niveau derrière la surface de la toile de l’œuvre.

Dans l’histoire de l’art, plusieurs artistes ont choisi de faire des collages d’objets sur leurs œuvres. Parfois pour créer des textures comme Picasso qui placera de la toile cirée et de la corde dans un tableau qu’il réalise en 1912 : « Nature morte à la chaise cannée ». D’autre fois, pour créer des reliefs ou même des espaces imaginaires comme chez les dadaïstes et les surréalistes. Dans les années 60, certains artistes associés au Pop art et au Néo Dada revisiteront cette technique qui prendra le nom de « combine Painting ». Enfin d’autres artistes tels que Frank Stella dans ses « Shape canvas » décident d’intervenir sur la configuration extérieure du cadre afin de pervertir le format rectangulaire ou carré habituel de l’œuvre. Découvre les œuvres des artistes suivants pour comprendre les multiples possibilités du détournement de la définition même de la peinture.

Exercice de documentation

Pistes de solutions à explorer

À partir de ces informations et des recherches sur les artistes suggérées, comment pourrais-tu intervenir sur la technique de peindre ou le support afin d’explorer le concept de la perversion de la technique de peindre, du support habituellement utilisé ou du sujet/objet représenté?

Éric Lamontagne, Train de mémoire, 2007, galerie Art mûr

Éric Lamontagne, vue de l’exposition Souvenirs en coin, Galerie Sylviane Poirier art contemporain, 2004.

Photo : Guy L’Heureux

Explore les œuvres d’Éric Lamontagne

Depuis quelques années, Éric Lamontagne s’intéresse à la perception, l’illusion et l’invisible à travers l’élaboration d’œuvres qui brouillent les frontières entre la réalité et la fiction. Il imagine des installations peintes où le public pénètre physiquement dans l’espace de la toile dans une sorte de trompe-l’œil en 3D pour devenir personnage du tableau. Dans ses installations comme « Passez au salon », « Vive la nature morte » ou « Souvenirs en coin », il mélange peinture, vidéo, théâtre, aménagement intérieur. L’espace est déconstruit en une multitude de tableaux transposés dans différents styles et techniques de peinture qui se côtoient sans hiérarchie. L’interactivité est à l’honneur et les membres du public sont parfois appelés à toucher la sacro-sainte toile.

Reconnu notamment pour son travail photographique qui fusionne préoccupations scientifiques et esthétiques, Lamontagne explore également la notion d’actualisation de la tradition picturale à travers la création de vastes installations peintes. Dans son exposition chez Sylviane Poirier en 2004, intitulée « Souvenirs en coin », l’artiste a innové en combinant peinture et installation, en étendant l’espace illusoire de la représentation picturale à l’espace réel de la galerie. Le public était ainsi invité à traverser symboliquement un cadre de porte recouvert de toile, devenant ainsi le protagoniste de l’univers fictif de la peinture, tel un acteur de théâtre faisant son entrée en scène, arborant des pantoufles en toile et découvrant un salon bourgeois avec un fauteuil recouvert de canevas, une cheminée en trompe-l’œil et un trophée de chasse peint.