Une procession se déroule où un groupe d’enfants porte une grande effigie sur une deuxième plateforme. Cette effigie évoque les processions festives d’autrefois et représente tour à tour un héros célébré porté par une foule joyeuse, ou un tyran déchu exhibé comme un trophée. L’effigie a été créée à partir d’un modèle semblable à un vêtement, composé de centaines de pièces de carton qui sont ensuite transposées en acier Corten pour l’œuvre finale. Quant aux enfants, ils sont modelés en cire puis coulés en bronze.
Sources consultées
(X) Site personnel de l’artiste, http://blog.stephenschofield.ca/fr/expositions/art-public/2016-ou-boivent-les-loups/
Technique de la créativité: modifier l’échelle
La technique du concassage en créativité comporte plusieurs possibilités d’altération de l’idée afin de pousser plus en avant le concept. L’une de ces méthodes de transformation, qui est souvent utilisée en arts visuels, repose sur le principe de la modification d’échelle de l’œuvre entière ou de l’une ou plusieurs de ses composantes. Qu’arrive-t-il si l’on modifie l’échelle de l’œuvre ou de certains éléments qui la composent?
Effectivement, lorsque l’on a la chance d’observer une œuvre (dans le contexte réel de l’espace d’exposition), on a d’abord tendance, même inconsciemment, à comparer l’échelle de celle-ci avec celle de notre propre corps. Peu importe que l’œuvre soit intégrée à l’urbanisme, à l’architecture ou encore exposée dans un musée ou une galerie, notre manière de mesurer la dimension semble souvent provenir des rapports au corps que l’on fait avec notre propre expérience physique de l’espace.
Le tableau qui se trouve habituellement exposé au mur à la hauteur du regard, il est souvent comparé à une fenêtre picturale ouverte sur une perspective quelconque qui agit en tant que paysage. Cette théorie s’applique parfois même si le tableau est abstrait parce que c’est un art qui s’adresse davantage à la contemplation (aux yeux). Si le tableau est monumental, l’on parlera d’une fenêtre immersive, puisqu’on a l’impression qu’il serait possible de se projeter dans ce portail bidimensionnel.
Tandis qu’en sculpture, le rapport d’échelle se vit plus directement avec le corps, puisque la plupart du temps, il est possible de tourner autour de l’œuvre ou du moins d’en explorer la forme en utilisant une partie de notre corps. L’une des expressions artistiques qui s’adressent le plus au corps est bien l’architecture puisqu’elle est conçue pour être habitée et vécue par l’homme. Il en va de même pour l’installation qui invite le public à déambuler à l’intérieur d’un univers artistique conçu dans un lieu ou en tant que lieu.
À travers l’histoire, l’on s’aperçoit que les systèmes de mesures ont très souvent été basés sur des relations de proportion reliées au corps humain. Par exemple, les Égyptiens utiliseront la coudée, la palme (largeur de quatre doigts réunis) et le doigt (en largeur) comme unité de base de mesure. Tandis que le pied et le pouce déjà utilisés dans l’antiquité romaine sont encore utilisés aujourd’hui dans le système impérial.
Cette notion de mesure par rapport au corps est très présente dans l’histoire de l’art. Par exemple, les Grecs qui, à la période hellénistique, modifient les proportions pour la représentation de la grandeur des corps en passant de sept à huit fois la hauteur de la tête (Praxitèle) créant ainsi des sculptures plus élancées. Léonard de Vinci quant à lui s’intéresse aux proportions idéales du corps humain lorsqu’il dessine vers 1490 « l’homme de Vitruve » en inscrivant un corps déployé dans le tracé d’un cercle et d’un carré. Le Corbusier, architecte et urbaniste, développera le Modulor, qui est une forme de système de mesure basé sur la silhouette humaine standardisée permettant de concevoir l’architecture et ses composantes en fonction de cette unité.
Modifier l’échelle d’une composante ou de l’œuvre entière peut s’avérer une technique de créativité surprenante à explorer. Agrandir ou diminuer un détail devient une manière de transformer la symbolique ou l’émotion préméditée dans une création. Le changement d’échelle transforme la perception par rapport au corps, il modifie l’attitude du public face à l’œuvre. En jouant avec la dimension des composantes qui constituent l’œuvre, on provoquera une perception différente du rapport d’échelle habituel au corps. Plusieurs artistes au fil de l’histoire de l’art se sont servis de cette stratégie afin de déstabiliser le public et même changer la signification du message transmis par l’œuvre.
La diminution, la miniaturisation, la réduction auront tendance à créer un rapport intime avec le regardeur puisqu’il doit se pencher ou se projeter dans cet univers minuscule pour en apprécier les composantes. L’agrandissement, la monumentalité d’un détail ou d’une œuvre capteront l’attention plus facilement par leur théâtralité et auront tendance à intimider le regardeur ou encore à magnifier le message de l’œuvre. La modification d’échelle est une stratégie très souvent utilisée en publicité, dans l’art public ou encore dans l’intervention artistique. L’artiste est aussi très fréquemment appelé à produire des maquettes de ses idées avant de faire la réalisation de l’œuvre dans sa dimension finale. Tous ces jeux d’échelles avec les formes et composantes de l’œuvre peuvent parfois provoquer l’inattendu et stimuler la créativité.
Sources consultées
(X) « Modulor », [En ligne], dans Wikipédia, [http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Modulor&oldid=197918437] (consulté le 18 octobre 2022 à 20 h 21).
(X) « Homme de Vitruve ». [En ligne], dans Wikipédia, [http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Homme_de_Vitruve&oldid=196346570] (consulté le 23 août 2022 à 8 h 42).
(X) COURNOYER, Nicole. SCAMPER (SCAMMPERR): Technique de concassage, 2018. [https://www.creativite.net/scamper-scammperr-technique-du-concassage-13/#SCAMPER-magnifier].
Un peu d’histoire… l’échelle humaine
Michel-Ange et la maniera :
Quelques artistes de l’histoire de l’art ont cherché délibérément à travailler avec des échelles différentes pour la représentation du corps humain. Au maniérisme (période de l’histoire de l’art situé à la fin de la renaissance) les artistes ont modifié les proportions du corps afin de se différencier de la recherche de perfection prônée par les valeurs de la l’humanisme à la renaissance. On va voir apparaître des disproportions anatomiques, des postures improbables et des allongements des corps dans le désir d’affirmation du style personnel des artistes appelé « la maniera » en italien.
Œuvre à rechercher :
Auguste Rodin : moulage ou modelage?
Auguste Rodin est un sculpteur du début du XXe siècle qui a produit nombre d’œuvres reconnues comme « Le penseur » (créée en 1880 dans sa taille d’origine de 70 cm pour orner le tympan de « La porte de l’Enfer », puis agrandi à sa forme monumentale de 189 cm de hauteur en 1904). En 1877, Rodin expose sa sculpture intitulée « L’Âge D’Airain » au Salon à Paris. L’œuvre fait scandale, car on accuse alors l’artiste d’avoir moulé l’anatomie directement sur le modèle. Ce qui à l’époque était inacceptable dans la tradition académique de la sculpture. Rodin fut contraint de prouver que la qualité du modelé de sa sculpture n’était pas le résultat d’un procédé de moulage. Ce scandale lui permet entre autres d’obtenir la commande de l’œuvre de « La porte de L’Enfer ». Néanmoins, cet événement fera en sorte que l’artiste choisira désormais d’utiliser des échelles réduites ou agrandies ainsi que des textures de modelés plus prononcées pour éviter de nouvelles accusations.
Sources consultées
(X) MUSÉE RODIN, L’Âge d’airain, [https://www.musee-rodin.fr/musee/collections/oeuvres/lage-dairain].
Explore les œuvres suivantes de l’artiste Auguste Rodin
Ron Mueck et l’échelle humaine
L’artiste australien Ron Mueck, suite à une expérience de travail dans les effets spéciaux au cinéma et la confection de marionnettes, a développé à partir de 1996 une œuvre personnelle étrange et puissante qui a profondément renouvelé la sculpture contemporaine. Ses sculptures hyperréalistes oscillent entre réalité et monde fantastique, suscitant à la fois dérangement et fascination. Mueck joue avec les échelles, créant des sculptures parfois plus petites que l’échelle du corps, ou encore monumentales qui transcendent le réalisme pur pour élever l’impact émotionnel et psychologique de ses œuvres. Par son travail subtil, il évoque des univers intimes et invite le public à reconsidérer le corps humain, déplaçant ainsi les enjeux du réalisme artistique vers la sphère psychologique. Les sculptures de l’artiste représentent des individus à des moments cruciaux de leur existence, de la naissance à la mort, en passant par l’âge adulte. Qu’elles soient de grande taille ou de petite taille, ces œuvres explorent la condition et la psyché humaines, évoquant souvent des sentiments de solitude, de vulnérabilité et d’aliénation.
Sources consultées
(X) ROSENBLUM, Robert. Ron Mueck, Histoire de l’art, 2011. [http://histoire-des-arts-college.blogspot.com/2011/04/ron-mueck.html].
(X) TANGUY, Sarah. Big man, A conversation with Ron Mueck, Sculpture, Vol 22, No 6, 2003.
(X) NATIONAL GALLERIES OF SCOTLAND, Ron Mueck, A Girl 2006, 2020. [https://www.nationalgalleries.org/art-and-artists/94045/girl].
Explore les œuvres suivantes de l’artiste Ron Mueck
Un peu d’histoire… l’échelle miniature
L’art miniature est une forme d’expression artistique qui remonte l’histoire jusqu’à ses origines. Au fil des siècles, les œuvres réalisées à une très petite échelle ont pris différentes formes. Certains exemples remarquables se présentent sous la forme de sceaux, des pierres gravées (glyptique), de manuscrits enluminés, de peintures miniatures (Asie), d’objets de dévotion comme la noix de prière ou les miniatures gothiques en buis ou en ivoire, de portraits miniatures. La réalisation de tels objets était motivée par la nécessité de pouvoir transporter avec soi le culte, et le savoir et la richesse. L’art miniature était aussi un moyen d’illustrer les concepts de la bible ou des légendes, histoires et mythologies par le biais de l’image.
Ces ouvrages de petite taille requièrent un savoir-faire méticuleux et patient qui rendent ces objets très précieux. Certaines réalisations sont si minutieusement réalisées qu’elles demanderont à un artisan spécialiste d’y consacrer des décennies, voire même une vie entière. Ces ouvrages de grandes minuties ne seront d’abord accessibles qu’aux gens de la noblesse comme les rois, plus tard, ils seront très prisés par les collectionneurs.
Explore les objets d’art miniatures suivants afin de te familiariser avec l’histoire
Aujourd’hui, l’art de la miniature connaît un essor particulier depuis quelques années. Plusieurs artistes décident d’explorer l’échelle réduite afin de réveiller l’âme de l’enfant chez le public et de le plonger dans un monde imaginaire et inattendu. En créant ces univers microscopiques, l’artiste permet à l’observateur de se sentir géant et de voyager dans un microcosme, une mise en scène où les objets et repères du quotidien empruntent des formes minuscules.
Sources consultées
(X) « Miniature art », [En ligne], dans Wikipédia, 2022. [https://en.wikipedia.org/wiki/Miniature_art].
(X) « Glyptique », [En ligne], dans Wikipédia, [http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Glyptique&oldid=196624721], (consultée le 21 h 22, 1er septembre 2022 à 21 h 22).
(X) ARTSPAPER MAGAZINE, L’art du miniature, 2018, [https://blog.artsper.com/fr/inspirez-vous/l-art-du-miniature/].
(X) BACOU, Roseline. MINIATURE, Encyclopædia Universalis [en ligne], [https://www.universalis.fr/encyclopedie/miniature/] (consulté le 19 novembre 2022).
Un peu d’histoire… l’échelle monumentale
Le mot monumental dérive du mot « monument », qui désignera une construction faite pour transmettre à la postérité, la mémoire d’un événement ou d’un personnage important. L’adjectif monumental est généralement attribué à toute forme d’art, d’architecture ou même d’élément de la nature qui s’impose par son échelle gigantesque. Dans l’art, il désigne aussi des représentations humaines, animales ou végétales, qui sont reproduites plus grandes que la réalité, associées ou non à l’architecture. Par sa taille remarquable, son caractère grandiose, l’art de la monumentalité a pour effet d’imposer le respect, l’admiration et parfois même la crainte. Tout comme l’art miniature, il requiert un savoir-faire et de la patience pour sa réalisation. Il s’en différencie toutefois, en ce sens, qu’il nécessitera souvent une quantité impressionnante de ressources humaines, matérielles et financières pour sa construction. Cette forme d’expression artistique lorsqu’elle est installée à l’extérieur, dans la nature, dans l’espace urbain ou architectural, se doit de rivaliser de taille avec l’environnement dans laquelle elle est implantée. C’est ce qui la différenciera de l’art d’atelier, de galerie ou de musée.
En architecture, l’art monumental prend la forme de temple, de cathédrales de constructions funéraires afin de refléter le divin. Par exemple l’architecture mégalithique (Stonehenge), ou encore, les temples et les pyramides chez les Égyptiens. L’échelle monumentale souvent utilisée afin d’idéaliser ou de vénérer le sujet représenté par des statues gigantesques de dieux de Déesses, de Pharaon, d’empereurs ou de rois. Il prend parfois aussi la forme de monuments érigés à la victoire, comme les arcs de triomphes et colonnes dont les reliefs sculptés relatent en image le récit des conquêtes. Dans l’histoire de l’art, la monumentalité apparaît aussi dans la sculpture et la peinture de Michel-Ange, par exemple, ses œuvres « Le David » et le plafond de la chapelle Sixtine, réalisées à la période historique de la renaissance.
Explore les monuments historiques suivants afin de te familiariser avec le concept de la monumentalité
Les œuvres monumentales qui à l’origine ont été conçues au service de sacré ou du pouvoir, deviendront chez les artistes d’aujourd’hui, des moyens d’exprimer l’audace et d’exacerber l’émotion véhiculée par l’œuvre. L’art monumental peut prendre la forme d’une intervention dans le paysage. En modifiant celui-ci à l’aide de bulldozer, de pelles mécaniques, d’explosifs. Il pourra aussi magnifier de simples objets du quotidien ou du monde de l’enfance poursuivant une tendance Pop art jusqu’à nos jours. Parfois présentées à l’intérieur des espaces architecturaux publics ou muséaux, les œuvres d’art monumentales feront sentir le public comme une fourmi. Le culte du gigantisme dans l’art actuel est devenu prétexte à monumentaliser n’importe quoi afin d’attirer l’attention.
Sources consultées
(X) BÉTARD, Daphnée. Judicaël Lavrador et Philippe Trétiack. Beaux-Arts, No 461, L’art monumental ou l’histoire de folles démesures, 2019. [https://www.beauxarts.com/grand-format/lart-monumental-ou-lhistoire-de-folles-demesures/].
(X) « Sculpture monumentale », [En ligne], dans Wikipédia, [http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Sculpture_monumentale&oldid=182988428] (Consulté le 17 mai 2021 à 12 h 58).
(X) DE SAINT PHALLE, Nikki. L’art monumental, dans l’antiquité et au Moyen Âge, [https://www.niki-de-saint-phalle.fr/lart-monumental-dans-lantiquite-et-au-moyen-age/].
(X) RDN ARTS, What is the Monumental Art?, 2022. [https://rdnarts.com/articles/what-is-the-monumental-art/].